Qualité de l’emploi : une question de métiers ?

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Salaires et conditions de travail, horaires, perspectives d’évolution…. France Stratégie a estimé la qualité de l’emploi des différents métiers et les a classifiés en six groupes.

par – Le 17 janvier 2024. Centre inffo

Dans une note d’analyse parue en décembre 2023, France Stratégie s’emploie à bâtir une typologie en six groupes de métiers en fonction de la qualité de l’emploi. Cette qualité est estimée avec une série d’indicateurs (salaires, conditions d’emploi, conditions de travail, horaires, perspectives de carrière, représentation collective). Pour France Stratégie, analyser de manière multidimensionnelle la qualité de l’emploi permet d’identifier des leviers d’amélioration différenciés.

Traits globalement positifs

Les deux premiers groupes, qui incluent les cadres et les professions intermédiaires du privé et du public, présentent des traits globalement positifs. Trois autres groupes offrent une qualité de l’emploi moindre, avec des salaires plus bas, des trajectoires professionnelles peu favorables et une relative précarité de l’emploi. Le dernier groupe réunit des métiers du care, de l’action sociale et de la sécurité, avec de fortes contraintes horaires mais des salaires et des perspectives de carrière relativement favorables. Chaque groupe représente entre 2,3 et 7,5 millions de salariés et entre 6 et 27 familles professionnelles.

Deuxième groupe hétérogène

Le premier groupe, qui compte des métiers bien rémunérés de cadres, aux perspectives de carrière favorables se détache très largement des autres sur le salaire, avec un revenu annuel moyen plus de deux fois supérieur à celui de l’ensemble des salariés. Le deuxième est très hétérogène, avec 27 professions dont certaines très qualifiées (enseignants, ingénieurs de l’informatique), et de nombreux métiers de services (employés de catégorie B et C, de banque, comptables, etc). Le troisième groupe est celui des métiers d’ouvriers, qualifiés et non qualifiés, qui ont de fortes contraintes physiques, avec un niveau de salaire horaire brut moyen très bas.

Métiers moyennement qualifiés

Le quatrième groupe rassemble des métiers moyennement qualifiés, du secteur des services, du care, du social, de la culture ou du commerce. Les salaires sont bas, avec beaucoup de temps partiel.  Le cinquième groupe comprend les métiers les moins qualifiés et les moins rémunérés -avec un salaire annuel net est de 11233 euros soit près de 9000 de moins que la moyenne des salariés- dans l’aide à domicile et l’aide-ménagère, l’hôtellerie-restauration, la vente et la sécurité. Enfin le dernier groupe est celui des métiers très exposés aux contraintes horaires mais avec des perspectives de carrières favorables. Il comprend des métiers du care (aides-soignants, infirmiers sage-femmes et médecins), de l’action sociale et de l’orientation, et les professionnels de l’armée, de la police et des pompiers.

Pour France Stratégie, des marges de progression existent dans toutes les professions, même les plus qualifiées. Mais les métiers dont les conditions pour particulièrement dégradées sont aussi ceux pour lesquels les besoins en recrutement sont importants. Ce qui fait de leur amélioration un défi économique à relever.

 

Entreprises adaptées : revalorisation des aides et reconduction des avenants financiers

Les aides versées aux entreprises adaptées sont revalorisées au 1er janvier 2024. Par ailleurs, les avenants financiers annuels seront reconduits automatiquement l’année d’après dans l’attente des nouveaux avenants.

Par  – Le 15 janvier 2024. Centre Inffo

Suite au relèvement du salaire minimum de croissance (Smic) par un décret du 20 décembre 2023, le montant annuel de l’aide par poste de travail occupé à temps plein est fixé à :

  • 17 877 euros pour les travailleurs âgés de moins de 50 ans (13 491 euros à Mayotte) ;
  • 18 108 euros pour les travailleurs âgés de 50 ans à 55 ans (13 670 euros à Mayotte) ;
  • 18 574 euros pour les travailleurs âgés de 56 ans et plus (14 020 euros à Mayotte).

Le montant annuel de l’aide versée dans le cas d’un travailleur handicapé mis à disposition d’un employeur est fixé à 4 760 euros par poste de travail occupé à temps plein (3 592 euros à Mayotte).

Les montants des aides sont réduits proportionnellement au temps de travail effectif.

Les aides  sont versées mensuellement à l’entreprise adaptée par l’Agence de services et de paiement (ASP). Elles sont calculées en équivalent temps plein travaillé au vu du nombre de travailleurs handicapés ouvrant droit à l’aide et ayant travaillé au cours du mois.
Ce versement mensuel est limité à un douzième de l’enveloppe financière fixée par l’avenant au contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens. En cas de sous-consommation sur un mois donné, les crédits correspondants sont reportés sur le ou les mois suivants.
Des régularisations peuvent être réalisées en cours d’année lors des mois de mai, septembre et décembre de l’année en cours et lors du mois de janvier de l’année suivante afin d’ajuster le montant des aides en fonction des embauches réalisées depuis le 1er janvier de la période considérée.

Un décret du 27 décembre 2023 permet, à titre conservatoire, la prolongation du versement des aides selon les modalités prévues par l’avenant financier annuel applicable l’année précédente jusqu’à la signature d’un nouvel avenant financier. Cette prolongation ne pourra dépasser une date qui sera fixée par arrêté (au plus tard au 31 mai de l’année). Si aucun avenant financier n’a été signé à l’issue de cette échéance, le versement des aides est suspendu jusqu’à la conclusion de cet avenant. En l’absence de conclusion du nouvel avenant avant le 30 septembre de l’année concernée, les aides versées au titre de cette même année font l’objet d’une demande de reversement, en tenant compte des actions réalisées par la structure depuis le 1er janvier.

Enfin, la liste des entreprises retenues pour mener l’expérimentation du contrat tremplin a été complétée par un arrêté du 27 décembre 2023. Rappelons que ce dispositif a été pérennisé à compter du 1er janvier 2024 par la loi Plein emploi du 18 décembre 2023.

Décret n° 2023-1303 du 27 décembre 2023 relatif à la continuité du versement des aides financières allouées aux structures d’insertion par l’activité économique et aux entreprises adaptées

Arrêté du 27 décembre 2023 fixant la liste des entreprises adaptées retenues pour mener l’expérimentation d’un accompagnement des transitions professionnelles en recourant au contrat à durée déterminée conclu en application de l’article L1242-3 du Code du travail

Arrêté du 29 décembre 2023 fixant les montants des aides financières susceptibles d’être attribuées aux entreprises adaptées

Accès abonnés des fiches pratiques du droit de la formation : Fiche 38-27 Emploi dans les entreprises adaptées

Innover pour former la relève agricole

Lauréat de l’appel à projet Défi’Occ, déclinaison occitane du plan Définnov, avec deux autres structures, le 100ème singe, tiers-lieu nourricier de l’agglomération toulousaine, élabore un parcours de formation innovant pour contribuer à la reconversion de demandeurs d’emploi dans l’agriculture. Une urgence face à l’effondrement du nombre d’agriculteurs qui met en danger notre système alimentaire dans les dix prochaines années.

par – Le 11 janvier 2024. Le quotidien de la formation

La théorie du centième singe affirme qu’une technique se serait diffusée au sein d’un petit groupe à toute la population de singes de la même espèce après que les 99 premiers ont acquis cette technique par un processus d’apprentissage par imitation. Au 100ème singe, tiers-lieu nourricier en archipel [ 1 ] créé en 2015 dans l’agglomération toulousaine, on valorise en effet l’apprentissage par le faire. « L’espace-test agricole fait office de support et d’espace-apprenant, explique Amandine Largeaud, sa co-fondatrice. On met à disposition de la terre, les premiers moyens de production et tout un accompagnement individuel avec des formations pour des personnes en reconversion professionnelle dans le domaine agricole. Elles apprennent par la pratique et la mise en situation professionnelle en vue de consolider leur parcours de reconversion. » Une dizaine de personnes y sont actuellement accueillies pour trois ans maximum, dans le cadre d’un contrat d’appui au projet d’entreprise (Cape), principalement à destination d’un public demandeur d’emploi ou bénéficiaire des minimas sociaux, souvent à la suite d’une BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole), la capacité agricole pour les gens qui se reconvertissent.

De l’éveil de la vocation à l’appui à la création d’entreprise

Cette expérience de tiers-lieu avec espace-test agricole et organisme de formation mutualisé accompagnant aussi des collectivités dans leur projet de transition agricole et alimentaire, fait du 100ème singe une référence dans le domaine, au niveau régional mais aussi national. D’où le choix de la Région Occitanie, dans le cadre de l’appel à projet Défi’Occ, déclinaison du DéfInnov au niveau national, d’attribuer 180 000€ pour créer un parcours de formation innovante aux métiers de l’agriculture et de l’agroécologie sur 28 mois, en association trois structures (avec l’Adear – association pour le développement de l’emploi agricole et rural – et Renova pour la partie arboricole). « Il s’agira de susciter l’éveil de la vocation par de nombreuses animations, mises en relation avec des agriculteurs, de proposer des formations assez généralistes sur la reconversion puis, quand le projet professionnel sera affiné, de proposer des formations techniques complémentaires en allant jusqu’à l’appui à la création d’entreprise, explique Amandine Largeaud.

Le financement couvre l’ingénierie de formation. « Il permettra que nos trois structures, qui ont chacune leurs formations, puissent concevoir le parcours de façon articulée, en complémentarité, et orienter les apprenants vers les bons partenaires aux différentes étapes de ce parcours d’apprentissage. », précise Amandine Largeaud. Démarrage prévu en juin 2024.

Notes

1. En archipel car le lieu principal de Castanat-Tolosan (2 hectares de champs et 700 m² de bâtiments) est relié à cinq autres sites, fermes paysannes ou communales.

Publication de la loi Plein Emploi

La loi dite Plein emploi vient d’être publiée au Journal officiel le 19 décembre 2023. Le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel du texte.

Par  – Le 19 décembre 2023. Centre Inffo

Les principaux changements apportés par la loi du 18 décembre 2023 sont :

La transformation de Pôle emploi en France Travail

La loi prévoit la création au 1er janvier 2024 d’un nouvel opérateur dénommé « France Travail » en remplacement de Pôle Emploi, dont les missions sont renforcées.

La transformation de Pôle emploi en France Travail s’accompagne de la construction d’un « Réseau pour l’emploi » (le texte initial le nommait  » Réseau France Travail »).

Un « comité national pour l’emploi », présidé par le ministre de l’Emploi, fixera les règles de fonctionnement du réseau et définira les orientations stratégiques au niveau national. Des « comités territoriaux pour l’emploi » sont aussi prévus aux niveaux régional et départemental et dans les bassins d’emploi.

Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de la loi qui autorisait les acteurs constituant le réseau pour l’emploi à partager entre eux certaines informations.

Une inscription généralisée, un contrat d’engagement pour les personnes sans emploi

Une inscription généralisée auprès de l’opérateur France Travail sera mise en place, au plus tard en 2025, pour toutes les personnes sans emploi.

Seront concernés :

  • les demandeurs d’emploi qui relèvent aujourd’hui de Pôle emploi ;
  • les demandeurs du revenu de solidarité active (RSA) (et leur conjoint, concubin ou partenaire pacsé) ;
  • les jeunes demandant un accompagnement auprès des missions locales ;
  • les personnes handicapées sollicitant un accompagnement auprès de Cap emploi.

L’inscription sera automatique pour les demandeurs du RSA dès le dépôt de leur demande d’allocation ainsi que pour les jeunes ou personnes handicapées demandant à être accompagnés. Tous ces demandeurs bénéficieront d’une orientation selon des critères communs et d’un diagnostic global suivant un référentiel partagé. Ils devront signer un contrat d’engagement, qui viendra remplacer les dispositifs actuels (projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE) pour Pôle emploi, contrat d’engagement jeune (CEJ) ou parcours contractualisé vers l’emploi (Pacea) pour certains jeunes, contrat d’engagement réciproque (CER) pour certains allocataires du RSA).

Ce contrat d’engagement unifié comportera « un plan d’action précisant les objectifs d’insertion sociale et professionnelle » et une obligation d’au moins 15 heures d’activité par semaine (actions de formation…) pour les demandeurs d’emploi nécessitant un accompagnement ou les allocataires du RSA. Cette durée minimum de 15 heures, qui pourra être abaissée ou exclue en fonction de la situation du signataire (problèmes de santé, parent isolé sans solution de garde…) et au vu du diagnostic global, ne figurait pas dans le texte initial.

La gestion de carrière des seniors en question

Selon une récente étude réalisée par la plateforme de recrutement « Seniors à votre service », seuls 30% des salariés de plus de 50 ans ont bénéficié d’un point carrière et 14% se sont vu proposer une formation.

Par  – Le 22 décembre 2023. Centre Inffo

Parmi les trois thèmes des négociations interprofessionnelles sur le nouveau pacte de vie au travail qui viennent de s’ouvrir, les partenaires sociaux auront à plancher sur l’emploi des seniors. Avec le recul de l’âge légal de départ à la retraite, le sujet revient au centre des débats. En Europe, la France peine à rattraper son retard avec un taux d’emploi de 57% des 55 à 64 ans selon la Dares. Loin d’être nouvelle, la situation est devenue structurelle, souvent nourrie par des idées reçues et des pratiques de gestion des ressources humaines rarement remises en question. Le jobboard « Seniors à votre service » vient de publier une étude qui rappelle les obstacles vécus par les actifs de plus de 50 ans dans la poursuite de leur carrière.

Des idées reçues à interroger

Désengagés, trop chers, dépassés, moins agiles, les plus de 50 ans souffrent d’une image dégradée. Ces idées reçues pèsent sur leur recrutement et leur maintien dans l’emploi gestion. L’étude contredit une grande partie de ces stéréotypes. Fidèles à leur employeur, 75% ont travaillé plus de 10 ans dans la même entreprise et ils partagent des valeurs de loyauté, d’esprit collectif, du travail bien fait, du dépassement de soi ou encore de la transmission de savoir-faire. Loin d’alimenter les conflits intergénérationnels, 80% d’entre eux estiment que les plus jeunes apportent de nouveaux points de vue utiles et sont prêts à transmettre leurs savoirs. Sur leur capacité à rebondir et leur implication, les répondants parmi lesquels 70% ont connu une période de chômage expriment leur motivation pour trouver un emploi, changer de métier ou se former. 80% d’entre eux sont même prêts à accepter une baisse de leur rémunération.

Un accompagnement insuffisant

Ces idées reçues génèrent des discriminations à l’embauche. 75% des demandeurs d’emploi indiquent avoir été ainsi discriminés. Une situation aggravée par un accompagnement insuffisant. 84% d’entre eux ne bénéficient d’aucun accompagnement en dehors de Pôle emploi ou de l’Apec. Ce sentiment d’invisibilité est également vécu dans les entreprises. Seuls 30% des plus de 50 ans interrogés ont bénéficié d’un point de carrière et à peine 14% d’entre eux ont reçu une proposition de formation. La gestion du parcours professionnel des seniors représente un levier qui fait consensus. Autre voie mal appréhendée par les entreprises, la retraite progressive.  Alors qu’une forte demande existe de la part des seniors, seuls 13% d’entre eux se sont vu proposer le passage à temps partiel et la moitié ne connaissent pas cette disposition. Dans ces conditions, les seniors sont nombreux (75%) à envisager un cumul emploi-retraite.

 

L’emploi des seniors en chiffres 

14% des seniors se sont vu proposer une formation

30% ont bénéficier d’un point carrière

75% des demandeurs d’emploi seniors ont déjà subi une discrimination liée à leur âge

75% des DRH reconnaissent privilégier les profils plus jeunes

80% des seniors accepteraient une baisse de leur rémunération

75% des seniors envisagent un cumul emploi-retraite

Mobilisation des acteurs de l’insertion pour l’emploi des seniors

L’emploi des seniors reste faible en France malgré la reprise économique. Les acteurs de l’insertion déploient des programmes d’accompagnement spécifiques pour ce public. Le réseau Alliance Villes Emploi les a mis en lumière lors de ses journées nationales.

Par  – Le 22 décembre 2023.

Dans un contexte d’allongement de la durée des carrières, beaucoup reste à faire pour améliorer le taux d’emploi des plus de 50 ans ou favoriser leur retour à l’emploi. Les acteurs de l’insertion s’efforcent de mettre en place des parcours d’accompagnement pour les plus éloignés de l’emploi. Ces initiatives étaient présentées lors d’un atelier des journées nationales d’Alliance Villes Emploi.

Au Creusot, l’association AGIRE, qui accompagne vers l’emploi des publics orientés par la mission locale ou le PLIE (plan local d’insertion dans l’emploi), a créé un « Contrat engagement jeune pour séniors » : « Il s’agit d’un parcours intégré avec 4 à 6 semaines d’ateliers collectifs dont les contenus ont été adaptés, puis un suivi individuel. Nous proposons dès le début un parrainage par des chefs d’entreprise ouverts au recrutement de publics seniors éloignés de l’emploi », explique Marie-Lise Calabria, directrice. Et six mois après le démarrage les résultats sont très encourageants : « On nous avait prédit que cela ne fonctionnerait pas avec ce public très déconnecté, or nous avons 50% de sorties positives en emploi, formation, préqualification ou chantier d’insertion. Il y a une vraie adhésion et l’aspect collectif est très apprécié ».

Valorisation des atouts

Le PLIE Nord-Essonne accompagne 1400 demandeurs d’emploi dont 400 séniors, et mène depuis 2015 une action spécifique sur ce public. « On commence par des ateliers de préparation pour valoriser leurs atouts – expérience, savoir-être, fiabilité, etc. – puis on organise des matinées de rencontre avec des entreprises qui cherchent à recruter, explique Ibrahima Seye, directeur. Ces matinées ont permis 175 entretiens et 28 recrutements, en majorité dans les services à la personne, mais aussi dans le BTP, le commerce, les services ».

Action dédiée aux seniors

Le PLIE de Nantes – ATDEC – a également conçu une action dédiée aux séniors, « dont nous constations la perte de confiance et la baisse d’estime de soi », rapporte Rémi Schnell, chargé d’accompagnement. Le parcours comprend des exercices d’inspiration théâtrale avec des comédiens pour travailler la posture, puis un temps avec une socio-esthéticienne pour mettre en valeur les personnes, travailler l’image, suivi d’une séquence consacrée à l’entretien d’embauche pour repérer les erreurs à éviter, et enfin les personnes choisissent des vêtements et font une simulation d’entretien avec la Cravate solidaire. « C’est une étape de remobilisation, les personnes en sortent regonflées et sont ensuite prêtes à s’engager dans une formation ou un suivi renforcé », rapporte le chargé d’accompagnement.

Emplois peu qualifiés

Les structures d’accompagnement constatent néanmoins que l’état de santé des candidats n’est pas toujours compatible avec leur projet ou avec les emplois proposés, qui sont souvent des emplois peu qualifiés dans des secteurs en tension marqués par la pénibilité.

« Nous avons toujours accompagné une part importante de seniors, pour lesquels on manque de réponse spécifique », constate Marie-Lise Calabria. « Aujourd’hui il n’y a plus d’aides au recrutement pour les séniors », déplore aussi Ibrahima Seye.

Les premières pistes de Pôle emploi pour former les seniors

Alors que des négociations interprofessionnelles sur l’emploi des seniors s’ouvrent ce vendredi 22 décembre, Pôle emploi expérimente des approches innovantes en matière de formation pour les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans. Des modalités inscrites dans les situations de travail, au plus près des entreprises.

Par  – Centre Inffo Le 22 décembre 2023.

A chaque réforme des retraites, la question de l’emploi des séniors revient dans le débat sans avoir trouvé jusqu’ici de réponses satisfaisantes. Seul l’effet mécanique du recul de l’âge de départ à la retraite amorcé dans les années 1990 semble jouer sur le taux d’emploi des actifs de plus de 55 ans. A 56,9% en 2022 il enregistre, selon la Dares, son plus haut niveau depuis 1975 mais reste toujours en deçà de la moyenne européenne (62,4%). Les freins culturels s’avèrent tenaces. La dernière réforme reculant l’âge de départ à la retraite à 64 ans commande de résoudre cette problématique devenue structurelle. Si le maintien dans l’emploi des seniors fait l’objet d’une négociation interprofessionnelle lancée en novembre dernier, Pôle emploi planche, de son côté, sur les moyens de faciliter leur retour à l’emploi. Dans le cadre du nouveau cycle du Pic, l’opérateur expérimente avec deux régions [ 1 ] de nouvelles modalités de formation pour ce public dont le taux de chômage de 5,7%, plus faible que la moyenne des actifs, augmente très sensiblement après 60 ans pour atteindre 7%. Depuis juillet dernier, une quinzaine d’organismes de formation travaille ainsi sur des pédagogies innovantes afin de favoriser l’accès à la formation des seniors.

Des modalités inscrites dans les situations de travail

Si la restitution de cette expérimentation est attendue à la fin du premier trimestre 2024, Pôle emploi identifie déjà de premiers enseignements. « Dans les parcours de formation en cours de test, la pédagogie intègre une dimension d’accompagnement individualisé, proche du coaching », déclare Hervé Jouanneau, directeur du développement des compétences dans les territoires, Pôle emploi. Autre piste explorée, la mise en place d’approches inscrites dans les situations de travail. Dans cette logique, les ingénieurs pédagogiques peuvent s’appuyer sur des dispositifs de formation existants comme la préparation opérationnelle à l’emploi (POE) et l’action de formation en situation de travail (Afest), une modalité développée depuis la réforme de 2018. « La POE et l’Afest nous paraissent bien adaptés à ce public. Par ailleurs, les seniors, en entrant dans l’entreprise, ont ainsi une chance de lever des stéréotypes nourrissant parfois des freins à l’embauche », précise Hervé Jouanneau.

Articuler l’offre de services au sein du réseau France Travail

Pôle emploi recense 6 grandes typologies de seniors en fonction de leur situation plus ou moins fragilisée sur le marché du travail. Cette cartographie aide les conseillers à établir un diagnostic et à les orienter vers les offres de service en cours de construction. D’ores et déjà à l’œuvre à travers des accords cadre avec l’Apec, l’articulation des actions menées par les différents opérateurs du champ de l’emploi devrait s’intensifier avec la mise en place du réseau France Travail. « France Travail sera un accélérateur opérationnel pour déployer cette offre de servies », confirme Hervé Jouanneau. Reste à convaincre les entreprises d’accueillir les seniors en formation. Ces dernières représentent un maillon essentiel. Or, à ce jour, elles sont peu nombreuses à développer une gestion des ressources humaines et des parcours professionnels à destination de leurs collaborateurs les plus expérimentés.

Renforcer l’information sur les opportunités professionnelles

Pour faire bouger les lignes et valoriser l’emploi des seniors, Pôle emploi a identifié les perspectives  professionnelles ouvertes à ce public. Parmi elles, utiliser leur expérience pour devenir formateur, tuteur ou maître d’apprentissage répond aux besoins de transfert de savoir-faire dans un contexte d’un vieillissement de la population active.  En suivant des formations à la pédagogie, les seniors pourraient ainsi disposer de nouvelles compétences et les proposer aux entreprises. Par ailleurs, des modalités d’activité plus souples rarement mobilisées portent des solutions intéressantes. « Il faut renforcer l’information sur les opportunités d’évolution professionnelle ouvertes aux seniors. Des dispositifs comme le travail à temps partagé sont méconnus », déclare Hervé Jouanneau.

CPF : vers un reste à charge forfaitaire d’environ 50 euros en 2024

Le cabinet de la ministre de l’enseignement et de la formation professionnels a confirmé jeudi 21 décembre la mise en place d’un reste à charge forfaitaire au titre du compte personnel de formation, de « quelques dizaines d’euros », après une annonce faite la veille par Thomas Cazenave, le ministre délégué aux comptes publics.

Par David Garcia – Le 22 décembre 2023.

 

Le reste à charge au titre du CPF verra bien le jour en 2024, comme annoncé par le ministère de l’économie des finances. Dans un entretien à L’Opinion, le ministre délégué chargé des comptes publics, Thomas Cazenave, annonce la parution en début d’année 2024 d’un décret instituant un reste à charge forfaitaire de 50 euros.

Hypothèses de travail

Jeudi 21 décembre, le cabinet de Carole Grandjean, ministre déléguée en charge de l’enseignement et de la formation professionnels, a confirmé « que des hypothèses de travail circulent mais tout cela doit désormais être discuté avec les partenaires sociaux. Et rien ne sera stabilisé ou arbitré avant. »

Négociation interprofessionnelle

Lesquelles organisations patronales et syndicales devaient entamer ce vendredi 22 décembre une négociation interprofessionnelle relative à l’emploi des seniors et à leur reconversion.

Responsabiliser chaque bénéficiaire

« L’objectif du gouvernement est de responsabiliser chaque bénéficiaire du compte personnel de formation afin qu’il s’engage de manière active dans sa formation, à travers une participation minime et forfaitaire », argumente le cabinet de la ministre.

Quelques dizaines d’euros

Cette dernière se dit toutefois « très attachée à ce que cette participation ne soit pas un frein, en particulier pour les plus fragiles. Elle sera de quelques dizaines d’euros afin de rester accessible à tous. »

L’entourage de Carole Grandjean précise : « c’est sur ces bases d’efficacité et d’équilibre que s’ouvrira une concertation avec les partenaires sociaux en début d’année pour définir le juste niveau de cette participation forfaitaire. »

Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire avait évoqué mardi 9 mai sur France Culture la possibilité d’instaurer un reste à charge de l’ordre de 30% pour le compte personnel de formation (CPF) « sauf lorsque l’employeur paie ou que vous êtes en situation difficile, par exemple si vous êtes chômeur ».

4e rapport sur le PIC : bilan de cinq années de déploiement

 

Le comité scientifique d’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences dresse un bilan à l’issue de cinq années de déploiement.

Le rapport fait état d’une hausse des entrées en formation sur l’ensemble de la période. L’accès à la formation des peu diplômés a progressé, malgré des difficultés à amener les plus éloignés vers la formation, dans un contexte où le système de formation peine à modifier ses pratiques.

Les efforts de formation pour répondre aux besoins de l’économie sont souvent confrontés au manque d’attractivité des métiers et à la sélectivité des entreprises.

Le rapport termine par un point sur la Prépa apprentissage. Après quatre années de mise en œuvre, il constate que le dispositif est parvenu à capter le public visé, même si l’objectif quantitatif n’a pas été pleinement atteint. Près de 150 projets ont été financés, enregistrant 61 000 entrées entre 2019 et 2022.

Source Cap Métiers Nouvelle Aquitaine

Vers un système ouvert sur l’acquisition informelle des compétences ?

La formation professionnelle est-elle un système normatif tout entier tourné vers un objectif professionnel unique pour l’apprenant ?

Par  – Le 11 décembre 2023.

 

Lors de sa 4e université, l’Afref a voulu réaliser un « pas de côté », comme l’expliquait Patrick Waeles, sociologue et président de l’Afref, en introduction de la journée « la formation dans tous ses états » mercredi 6 décembre. Le modèle actuel de la formation « correspond-t-il aux enjeux sociétaux ? ». La formation, répondant à « l’enjeu néolibéral de la réalisation de soi », a-t-elle oublié le collectif ?  La formation semble n’avoir comme seul objectif que l’emploi, via un parcours. Et l’apprenant doit se réaliser, trouver lui-même des solutions. Ce manque de collectif est aussi le signe de « l’affaiblissement des corps intermédiaires ». En France, la formation est réalisée dans un système normé, qui nécessite de rentrer dans des cases. Comment dès lors assurer aussi son agilité ?

Omniprésence du certifiant

« Avant on disait qu’il y avait trop de diplômes et aujourd’hui, tout est certifiant », remarque Bernard Barbier, manager-coach et chercheur au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), qui rappelle que l’essentiel de ce qu’on apprend se fait en dehors du système de formation. Pour Laurence Martin, déléguée nationale des réseaux APP, « la reconnaissance des compétences informelles passe par une démarche inclusive ». Dans les formations du réseau APP, les apprenants sont invités à réfléchir aux compétences qu’ils ont mobilisées dans une situation, et celles qui leur ont manquées. Laurence Martin dénonce l’injonction paradoxale à laquelle sont confrontés les organismes de formation ; il faut à la fois aller chercher tous les publics, surtout les plus éloignés de l’emploi et en même temps « les faire rentrer dans des cases » qui ne se préoccupent pas de leurs situations particulières. Au risque, sinon, « de ne pas trouver de financement ». « L’accompagnement est dans une zone grise, on est obligés de raisonner en certification, sinon on n’est pas financés », insiste-t-elle. L’une des solutions évoquées lors d’un atelier serait de sortir du paiement à l’heure de formation au profit d’un paiement au parcours. Car tous les apprenants n’ont pas les mêmes besoins, mais cela nécessite de « faire confiance aux formateurs ».

Badges numériques

Pour Patrick Waeles, l’une des pistes de la reconnaissance des apprentissages informels et formels peut se trouver dans les badges numériques, « qui se fondent sur des preuves humaines, pas des référentiels ». Ces badges, qui peuvent être créés dans chaque structure, permettent aux apprenants de donner des informations sur leurs compétences. « On leur explique la méthode pour identifier les compétences acquises, cela créé de la fierté, précise Laurence Martin, dont la structure les utilise. Et ils sont une source de discussion avec le formateur. »

Formaliser l’informel

Toutefois, « attention à ce que cette reconnaissance ne devienne pas indispensable dans tous les métiers », prévient Hugues Lenoir, enseignant-chercheur en Sciences de l’éducation, en citant l’exemple des métiers de service où peu à peu les certifications deviennent indispensables, là où les métiers étaient plutôt ouverts à tous. Et Bernard Barbier s’interroge sur l’opportunité de « formaliser ce qui était informel ». Pendant les discussions, la formation était vue comme davantage qu’un système normatif avec comme seul objectif l’avenir professionnel. Mais la question reste que les compétences n’ont tendance à ne pas être prises en compte sur le marché du travail quand elles ne sont pas certifiées de manière officielle.