Catégorie : ACTUALITES
L’Agefiph lance une plateforme de formation
Modul’Pro, la nouvelle plateforme de formation de l’Agefiph s’adresse à tous les professionnels œuvrant à l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap. Gratuite, elle est composée de quatre modules qui visent à compléter les connaissances des référents spécialisés sur le sujet du handicap.
Le parcours complet, à la carte, s’articule autour de six axes d’approfondissement d’une durée de 15 minutes à six heures en fonction des thématiques, parmi lesquelles l’autoformation, le recrutement et l’emploi ou encore la réglementation.
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Métiers de demain, métiers en tension ?
Le webinaire sur les métiers de demain tenu dans le cadre des Semaines de l’évolution professionnelle organisées du 7 au 18 octobre par l’Apec et Avenir Actifs a montré le poids grandissant des tensions de recrutement. L’évolution du rapport au travail des actifs augure d’ajustements difficiles à trouver.
Par Nicolas Deguerry – Le 11 octobre 2024. Le quotidien de la formation
D’abord un rappel de Quentin Chisin, coordinateur pédagogique Mon CEP par Avenir Actifs en Bourgogne Franche-Comté, la discussion sur les métiers de demain est indissociable du contexte des tendances du marché du travail depuis les années 70. Soit et pour la France, 40 ans d’un taux de chômage élevé avec des pointes à 11 % et, par suite de la crise Covid-19, un marché du travail profondément impacté : hausse des salaires, demande accrue dans secteurs secteurs et taux de chômage à 7,5 %, niveau considéré comme « bas au regard des standards français. » Conséquence : une montée en puissance de la thématique des « métiers en tension », révélatrice de déséquilibres entre offre et demande d’emploi. Le contexte, c’est aussi un changement dans le rapport au travail qui rend les ajustements toujours plus compliqués.
Impossible adéquation ?
Comme l’explique Cécile Jolly, cheffe de projet à France Stratégie en charge des mutations de l’emploi et de la prospective des métiers et des qualifications, il faut désormais traiter des « questions multidimensionnelles » comme l’attractivité, le salaire, les conditions de travail, le statut dans l’emploi ou la recherche d’une meilleure adéquation avec les valeurs personnelles. L’édition 2023 du baromètre de la formation et de l’emploi Centre Inffo le confirme, avec un podium des motivations au désir de reconversion plaçant en tête rémunération (28 %), quête de sens (26 %) et souhait d’une nouvelle orientation (22 %). Autant de dimensions qui peuvent faire obstacle à la satisfaction des besoins de recrutement exprimés par le marché du travail quand celui-ci met en avant, par exemple, le secteur de l’aide à domicile qui cumule nombre de contraintes rejetées par les actifs.
Si les études de France compétences et de la Dares témoignent d’une insatisfaction au travail qui se manifeste de plus en plus tôt – 35 % des 25-34 ans préparent une reconversion contre 21 % des actifs -, il est probable que nombre de métiers dits en tension sont précisément ceux que le travailleur contemporain cherche à éviter. Problématique quand la notion de « métiers de demain », thème du webinaire proposé par l’Apec et Avenir Actifs, recoupe largement la notion de métiers en tension. D’autant plus que Cécile Jolly dessine un horizon 2030 qui voit se renforcer ces tensions du simple fait démographique, avec le départ à la retraite des « boomers » qui s’ajoute à la baisse de la fécondité.
Métiers de service
Selon les projections de France Stratégie et de la Dares, ce sont d’une part les ingénieurs et cadres du privé[ 1 ], d’autre part les métiers du « care »[ 2 ] qui seront les plus dynamiques en termes de créations d’emplois d’ici 2030. S’agissant des quelques 800 000 postes à pourvoir d’ici 2030, dus à 90 % aux fins de carrière, les projections témoignent du poids des métiers peu ou pas qualifiés dans les services et le bâtiment. Côté tensions, elles pourraient s’accentuer pour les aides à domicile, les techniciens des industries mécaniques et les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment ; se maintenir pour les infirmiers/sages-femmes, ingénieurs informatiques, ouvriers qualifiés de la maintenance, bouchers, charcutiers et boulangers et se réduire pour les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie-restauration, les techniciens de la banque et des assurances et les employés de la comptabilité. De nouvelles tensions pourraient apparaître chez les ouvriers qualifiés de la manutention, les agents d’entretien et les ouvriers du textile/cuir.
Enfin et dans le contexte de montée en puissance de l’intelligence artificielle, les prospectivistes évoquent moins le risque de disparition de métiers que leur transformation : les tâches de la secrétaire des années 80 ont disparu avec l’arrivée de l’ordinateur mais la fonction support qu’elles exercent perdure. Ce qui augmente, c’est finalement surtout la nécessité d’opérer des transitions professionnelles. Occasion toute trouvée pour les organisateurs du webinaire de rappeler l’importance de l’accompagnement avec un focus conclusif sur le conseil en évolution professionnelle, véritable fil rouge de ces Semaines de l’évolution professionnelle.
- Datavisualisation sur les métiers en 2030 :
strategie.gouv.fr/actualites/datavisualisation-metiers-2030-0
France Travail lance son académie, nouveau portail de formation
« L’Académie France Travail » est un nouveau portail qui vise à acculturer et former les 160 000 professionnels du « réseau pour l’emploi », à travers des contenus, des outils, des e-learning, mais aussi des formations en présentiel. C’est la « première pierre d’une coopération étroite entre les acteurs ».
Par Mariette Kammerer – Le 10 octobre 2024. Le quotidien de la formation
Dans le cadre de la loi Plein emploi, France Travail doit proposer aux acteurs du « réseau pour l’emploi » des actions de formation et de développement des compétences, leur permettant de mieux se connaître et travailler ensemble, d’avoir des pratiques professionnelles communes.
Fluidification des démarches
C’est tout l’objet de la création du nouveau portail internet – l’Académie France travail – mis en ligne depuis le 23 septembre. Il vise à « fluidifier les démarches pour les demandeurs d’emploi et les recruteurs, à améliorer l’interconnaissance entre les professionnels », explique Caroline Comte, directrice qualité et performance du développement des talents et des compétences. « Aujourd’hui il y a 160 000 professionnels de l’insertion, qui travaillent tous avec le même objectif, mais chacun dans son couloir », ajoute la directrice. Cela se traduit par un manque de coordination dans la prospection des entreprises, ou par un manque d’explications données aux demandeurs d’emploi. « Nous devons mieux connaître l’offre de service des uns et des autres, sinon le réseau pour l’emploi ne peut pas fonctionner. Ce portail pose la première pierre d’une coopération étroite entre les acteurs », note Caroline Comte.
50 contenus thématiques, e-learning et formations en présentiel
Plus de 2000 professionnels du réseau ont été sollicités pour construire les contenus, dont l’UNML (Union nationale des missions locales), Cheops, les conseils départementaux, l’E2C, l’Epide, service public +, des clubs mobilité, et des Opco. Le portail propose 50 contenus en ligne, classés par thème et niveau d’apprentissage. « Il y a des textes, des vidéos, des e-learning, cela va de quelques minutes à 3 jours de formation en présentiel ».
Modules sur l’offre d’accompagnement par public
On y trouve des modules sur l’offre d’accompagnement par public : allocataires du RSA, jeunes, personnes handicapées. « Avec par exemple un e-learning sur le diagnostic socioprofessionnel des allocataires du RSA, et une formation en présentiel pour ajuster le parcours d’accompagnement, destinée aux conseillers France travail, aux travailleurs sociaux et aux CIP (conseillers en insertion professionnelle) », précise la directrice.
D’autres modules portent sur les services aux entreprises et la prospection, sur l’accueil des publics, sur les pratiques professionnelles inclusives, sur la loi Plein emploi et ses impacts sur l’activité de conseiller.
Collectifs sur le terrain
Sont aussi proposés des outils méthodologiques et des ateliers pour organiser les collectifs sur le terrain. « Cela peut aider les acteurs d’un même bassin d’emploi à co-construire un plan de prospection auprès des entreprises, par exemple ».
Chaque professionnel peut se créer un compte pour accéder aux contenus du site, qui en 15 jours a reçu 10 000 visiteurs. « L’objectif est que les 160 000 professionnels du réseau l’utilisent d’ici fin 2025, mais il n’y a pas d’obligation de formation à ce jour », précise la responsable.
Journées de la Fagerh : gros plan sur des parcours de formation
Lors de ses « journées d’étude de la réadaptation professionnelle », les 3 et 4 octobre, la Fagerh a présenté des initiatives de formation de personnes handicapées, jeunes et moins jeunes, et d’intégration en entreprise.
Par Mariette Kammerer – Le 09 octobre 2024. Le quotidien de la formation
La Fagerh (fédération des centres de réadaptation pour personnes handicapées), qui fédère les établissements de réadaptation professionnelle, dont la vocation est d’orienter, former, et d’accompagner des travailleurs handicapés vers l’emploi en milieu ordinaire, a mis à l’honneur plusieurs « pratiques inspirantes » et parcours réussis.
Notamment l’initiative de « l’association pour la formation universelle aux tâches élémentaires » – AFUTÉ – qui a conçu une méthode d’apprentissage adaptée à des jeunes au profil neuro-atypique (trisomie 21, autisme, troubles « dys »…).
Formation de profils « neuro-atypiques »
Sa méthode s’appuie sur des « Fiches Universelles de Tâches Élémentaires », qui expliquent avec des dessins simples les différentes étapes d’une tâche élémentaire, comme monder une tomate, laver un véhicule, mettre en cartons ou encore arroser des plantes. Ne nécessitant pas de savoir lire, écrire ou parler, « cette méthode s’adresse à tous les niveaux d’autonomie et toutes les nationalités pour acquérir les compétences de base d’un métier », explique l’association. L’association forme ainsi des jeunes aux métiers de la restauration – commis de cuisine, agent polyvalent d’hôtellerie, commis de pâtisserie, production et service en restauration – directement en entreprise, avec des professionnels et le soutien d’encadrants spécialisés. « Nous avons travaillé avec Afuté pour définir des tâches élémentaires et former une vingtaine de salariés qui travaillent aujourd’hui dans nos selfs », rapporte Thierry Dubief, responsable de la mission handicap du groupe de restauration collective Compass France. En complément de ces formations, le cabinet Chaméléons aide les entreprises à repérer dans leur activité des tâches élémentaires accessibles, puis leur propose des candidats et un plan d’intégration. « Nous avons 40 jeunes en formation et en emploi en milieu ordinaire, indique Camille Pinçon, directrice de Chaméléons. Toutes les entreprises ont des tâches élémentaires qu’elles peuvent déléguer, nous travaillons avec des hôtels, un cabinet d’avocat, et en restauration collective ».
Accompagnements à la reconversion
Des possibilités de formation existent aussi pour les personnes victimes d’un accident de la vie. Les journées de la Fagerh l’ont illustré par deux belles réussites de parcours concernant des seniors. L’un était kinésithérapeute, l’autre travaillait en restauration collective, et tous deux ont fait un burn-out qui s’est soldé par un licenciement pour inaptitude, suivi d’une période de chômage et de dépression, jusqu’à ce qu’un service spécialisé les aide enfin à se réorienter.
Le kiné a été accompagné par Ladapt Ain-Savoie : « Nous évaluons les capacités de travail, l’environnement et le temps de travail qui pourraient convenir, puis la personne cherche un projet professionnel adapté à son état de santé, à partir de différents ateliers sur les habiletés professionnelles et la reprise de confiance », explique Karen Brulet, coordinatrice orientation insertion. L’ancien kiné a pu ainsi découvrir le travail du bois, faire un stage dans une menuiserie qui a confirmé son intérêt mais aussi ses limites physiques. Il s’est donc orienté vers un stage de dessin technique sur ordinateur, toujours dans l’univers de la construction bois, et a suivi une formation de « modélisation BIM », pour travailler sur des maquettes de charpente.
Dispositif régional d’orientation professionnelle
L’employée de restauration collective a été accompagnée par le Cap emploi de la Manche: « Nous avons identifié ses besoins de compensation, puis elle a intégré un dispositif régional d’orientation professionnelle afin de trouver un nouveau projet », rapporte Aurore Fleuret, chargée de mission insertion. Ayant des compétences en comptabilité, elle a fait une remise à niveau pour obtenir le titre professionnel de secrétaire comptable, et a rapidement retrouvé un emploi à temps partiel dans une administration publique. Ces retours d’expérience montrent qu’à tout âge et malgré un handicap, une reconversion demeure possible.
Les GEIQ expérimentent la « VAE inversée »
La fédération des Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ) expérimente un dispositif de contrat de professionnalisation s’appuyant sur la formation en situation de travail (Afest) et la validation des acquis de l’expérience (VAE). Objectif : ouvrir les recrutements à des personnes plus éloignées de la formation. Deux groupements ont déjà signé des contrats.
Par Mariette Kammerer – Le 07 octobre 2024. Le quotidien de la formation
Le dispositif « TraGeiqtoire » s’inscrit dans l’expérimentation de la « VAE inversée » engagée en 2023 par Carole Grandjean alors ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. « Concrètement il s’agit d’un contrat de professionnalisation qui s’appuie sur de la formation en situation de travail (Afest) et sur un accompagnement VAE afin de valider les compétences acquises en situation de travail », explique Francis Lévy, délégué général de la fédération française des Geiq.
Un objectif de 400 contrats dans neuf secteurs en tension
La fédération a été choisie pour porter l’expérimentation sur 400 contrats de professionnalisation. Elle a défini 83 certifications éligibles (titres professionnels, diplômes, certificats de qualification professionnelle) dans neuf secteurs en tension : agriculture, agroalimentaire, aide à domicile, BTP, espaces verts, industrie, logistique, médicosocial, petite enfance. « Le but est de répondre à des besoins de formation très spécifiques pour lesquels l’offre n’existe pas toujours. L’autre objectif est de pouvoir élargir les profils de candidats et embarquer des personnes qui ne veulent pas ou ne peuvent pas suivre une formation classique, parce qu’elles ont des lacunes sur les compétences de base, par exemple », indique le délégué général.
Afest et VAE, les deux clés de voûte du dispositif
Le GEIQ est l’architecte du parcours. Il part du besoin de l’entreprise, identifie un candidat, évalue ses compétences et celles qui restent à acquérir pour valider la certification visée, puis identifie les situations de travail apprenantes avec le tuteur en entreprise, et organise les phases réflexives propres à l’Afest. « C’est un salarié permanent du Geiq qui s’occupe de l’ingénierie de parcours et du suivi, précise Francis Levy, il doit s’assurer que le candidat a les capacités de valider la certification, et que l’entreprise dispose d’un tuteur disponible et impliqué pour le former. Le but est qu’il y ait un maximum de formation en situation de travail ». Un organisme partenaire intervient pour l’accompagnement VAE : valider et mettre en forme le dossier de preuves en s’appuyant sur les compétences acquises avant et pendant le contrat de professionnalisation, et préparer le candidat à passer devant le jury. La fédération des GEIQ a noué des partenariats avec trois réseaux nationaux – les DAVA (Dispositifs académiques de validation des acquis), l’Afpa et les CIBC – qui ont été acculturés au dispositif.
Deux GEIQ débutent l’expérimentation
Le GEIQ « métallurgie et industrie Hauts-de-France » est l’un des deux premiers à l’expérimenter. Il emploie 150 contrats en alternance et a signé, depuis le mois de juin, 25 contrats « TraGeiqtoire » pour des métiers de lamineur, chaudronnier, contrôleur qualité, entre autres. « Nos adhérents de la métallurgie ont besoin de métiers très spécifiques, ils ont l’habitude de former en interne, mais avec ce dispositif la formation au poste débouchera sur une qualification », souligne Jimmy Belot, directeur. Le Geiq regarde d’abord avec l’entreprise si l’Afest est pertinente pour le poste visé, et s’il y a les ressources en interne pour former le salarié. « Ensuite, lors du recrutement, on échange avec le candidat pour voir si ce format lui conviendrait mieux qu’un parcours classique. Cette solution permet de nous adapter à un public très réfractaire à la formation, qui dans un contexte de baisse du chômage est devenu notre cœur de cible », ajoute-t-il.
Un parcours de 11 à 14 mois
Le Geiq définit avec chaque entreprise les compétences à atteindre, les situations et tâches à réaliser, la durée estimée, les méthodes pédagogiques, et le ou les tuteurs. « Nous avons commencé les phases réflexives, une par compétence visée, pendant laquelle le salarié explicite sa démarche, les difficultés rencontrées, etc. ». Après un parcours de 11 à 14 mois, les premiers salariés devraient avoir validé leur certification en juin prochain.
veille légale et règlementaire 2024
Cofinancement du CPF, une pratique à développer
En 2023, la Caisse des Dépôts a signé huit nouvelles conventions de cofinancement des formations mobilisées au titre du compte personnel de formation. Ces partenariats noués avec des Régions, des branches professionnelles ou des opérateurs de compétences seront un axe de développement dans les années à venir.
Par Estelle Durand – Le 27 septembre 2024. Le quotidien de la formation
Pensé pour être un outil de développement des compétences à la main des actifs, le compte personnel de formation apporte aussi des réponses aux acteurs de l’emploi. Régions, opérateurs de compétences, branches professionnelles ou encore entreprises ont la possibilité de prendre en charge une partie du coût des formations mobilisées via le CPF, selon des critères définis lors de la signature de leur partenariat avec la Caisse des Dépôts. En 2023, le gestionnaire du CPF a signé huit nouveaux accords d’abondements automatisés, ce qui porte à 17 le nombre de conventions actives, selon son rapport annuel publié le 19 septembre. Ces pratiques se développent depuis quelques années mais elles restent encore marginales.
Cinq Régions mobilisées
A ce jour, cinq Régions se sont inscrites dans ce système de cofinancement pour soutenir la formation des demandeurs d’emploi. Il s’agit des Pays de la Loire, des Hauts-de-France, de la Bourgogne-Franche-Comté, de la Nouvelle Aquitaine et de la Guadeloupe. Dernier exemple en date : dans le cadre du renouvellement de sa convention avec la Caisse des Dépôts, la Région Pays de la Loire a mis l’accent sur les formations qui préparent les demandeurs d’emploi aux métiers de la transition écologique. Un budget de 1,2 million d’euros est mobilisé pour financer jusqu’à 90 % du reste à charge du coût de la formation dans la limite de 10 000 euros. En 2023, ces partenariats avec les cinq conseils régionaux ont permis de financer un peu plus de 2 500 dossiers de formation, pour un coût pédagogique global de près de 14 millions d’euros dont 8,6 millions d’euros d’abondement.
Un levier des politiques de branches
Les branches professionnelles ont, elles aussi, la possibilité de s’associer avec la Caisse des Dépôts en s’appuyant si besoin sur leur opérateur de compétences. Une première convention de ce type a été signée en 2021 avec Atlas pour le compte de la branche des bureaux d’études techniques, des cabinets d’ingénieurs et des sociétés de conseil. Ce partenariat a été renouvelé en 2023 pour élargir le catalogue de formations éligibles aux cofinancements. D’autres branches se sont engagées dans la même démarche avec Uniformation, Opco Santé, Ocapiat, l’Afdas et Akto. Ce dernier intervient dans le cadre d’une convention signée avec deux branches de l’enseignement privé qui ont engagé 2 millions d’euros pour prendre en charge une partie du coût de la formation (jusqu’à 3000 euros) des salariés qui visent une certification jugée prioritaire. Ces politiques de branches ont mobilisé en 2023 un budget de 2,7 millions d’euros pour cofinancer un peu plus de 2 500 dossiers.
Des dotations motivées par des obligations légales
Les entreprises peuvent elles aussi s’inscrire dans des logiques de cofinancement, en attribuant des dotations à leurs salariés ou en prévoyant, par accord collectif, des modalités spécifiques d’alimentation de leur compte personnel de formation. Ces deux catégories de cofinancement, « dotation volontaire » et « droits supplémentaires », représentent moins d’un quart du total des abondements émanant des entreprises (près de 250 millions d’euros depuis 2020). L’essentiel des cofinancements de la part des employeurs est lié à des obligations légales : abondement correctif de 3 000 euros versés en cas de non-respect des obligations relatives aux entretiens professionnels (70 % des cofinancements des employeurs), ou dotation de 3 000 euros aux salariés licenciés pour refus de modification de leur contrat de travail dans le cadre d’un accord de performance collective (5,1%).
135 000 dossiers cofinancés par France Travail
France Travail fait aussi partie des acteurs impliqués dans le cofinancement du CPF. Depuis 2020, les demandeurs d’emploi qui souhaitent mobiliser leur droit mais n’ont pas suffisamment de crédits sur leur compte peuvent demander un financement complémentaire à France Travail. Sur un total de 2,2 millions de dossiers de formation émanant de demandeurs d’emploi, 135 000 ont bénéficié d’un complément de financement. Ces abondements de la part de France Travail ont représenté un budget total de 228 millions d’euros, soit une prise en charge de 1 687 euros en moyenne par dossier.
Des partenariat à développer
Dans son rapport annuel, la Caisse des Dépôts souligne l’importance des conventions de partenariat pour répondre aux besoins du marché du travail, « notamment à l’échelle locale ». « Ces politiques de cofinancement seront, un axe fort de développement pour 2024 et 2025. »
Les cofinanceurs du CPF :France Travail
Les Régions : Pays de la Loire, Hauts de France, Bourgogne-Franche-Comté, Guadeloupe, Nouvelle Aquitaine
Branches professionnelles et opérateurs de compétences
Entreprises : dotations volontaires ou imposées par la loi
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Les Régions appellent à une décentralisation plus poussée sur l’orientation et la formation
Les présidents de Régions réunis à Strasbourg les 25 et 26 septembre pour le congrès annuel de leur association ont réitéré leur souhait de pousser le curseur de la décentralisation plus loin sur différents sujets dont l’orientation et la formation. Condition nécessaire, selon eux, pour mieux répondre aux besoins en compétences des territoires et aux enjeux de développement économique.
Par Estelle Durand – Le 27 septembre 2024. Le quotidien de la formation
Un nouveau gouvernement installé après des semaines d’incertitude. Des interlocuteurs désormais identifiés au sein des ministères dont celui du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation confié à Catherine Vautrin. Les 25 et 26 septembre à Strasbourg, le congrès annuel de l’association Régions de France s’est tenu à un moment charnière. « Le premier message que j’ai fait passer au Premier ministre, c’est que les 18 présidents et présidentes de Régions sont dans un esprit constructif parce que nous voulons la réussite de la France », a souligné Carole Delga, la présidente de Régions de France, lors d’un point presse. Mais ce congrès placé sous le signe de l’Europe a aussi été l’occasion d’appeler à « une action beaucoup plus concertée, beaucoup plus décentralisée. »
Piloter l’offre de formation
Cet appel au dialogue et à l’obtention de responsabilités plus affirmées vaut pour les questions d’orientation et de formation. Les Régions qui partagent avec l’Etat, la responsabilité de l’orientation réitère leur demande de transfert de cette compétence à leur niveau, « Parce que tous les jours nous faisons le lien avec le monde de l’éducation et avec le monde des entreprises », rappelle Carole Delga. Leur position à la croisée de ces deux univers et leurs actions en faveur de l’aménagement du territoire et du développement économique légitiment, selon les élus régionaux, leur volonté de prendre une place plus centrale dans le domaine de la formation et en particulier dans le pilotage de l’offre.
Tenir compte des besoins dans les territoires
Ce sujet est devenu central depuis les dernières réformes qui ont touché le secteur de la formation. Dans le cadre de la transformation de la voie professionnelle lancée en 2023, les Régions ont obtenu d’être associées au processus d’évolution de la carte des formations. Mais la méthode déployée par le ministère de l’Education nationale ne satisfait pas les Régions : centrée sur une approche « arithmétique », elle ne répond pas suffisamment aux problématiques locales, selon François Bonneau, président de la commission éducation, orientation, formation et emploi de Régions de France. « Il nous faut une dynamique qui prenne en compte les enjeux des territoires, car les besoins en formation ne sont pas les mêmes au cœur d’une métropole de taille européenne et à l’échelle d’une sous-préfecture du monde rural », explique au Quotidien de la formation, l’élu du Centre-Val de Loire. Ce travail de refonte de la carte des formations de la voie professionnelle s’effectue dans un paysage de la formation qui a été bousculé par la réforme de 2018. Avec la libéralisation du marché de l’apprentissage, « des établissements qui étaient robustes et avaient une vraie utilité territoriale sont aujourd’hui fragilisés », constate François Bonneau, car menacés par des projets qui selon lui n’offrent pas de perspectives, si ce n’est « un avenir financier à ceux qui les portent. »
Une segmentation de l’offre inefficace
Dans ce contexte, les Régions revendiquent la responsabilité de la carte des formations et militent pour que cette mission intègre les parcours proposés par la voie de l’apprentissage. C’est ce pilotage à l’échelle régional qui permettra, selon elles, de gagner en efficacité, d’encourager les synergies entre les établissements, de favoriser la mutualisation des ressources telles que les plateaux techniques et de mieux répondre aux besoins des bassins d’emploi. Un enjeu crucial pour l’avenir, estime François Bonneau, car « la première énergie du développement économique, c’est la compétence. »
Budget : la vigilance est de mise
Les attentes des Régions sont fortes. De la « confiance pour avancer », une reconnaissance de leurs actions à travers une « décentralisation plus affirmée et plus aboutie », selon les termes de François Bonneau mais aussi des moyens. Dans le champ de la formation, les élus régionaux qui s’engagent aux côtés de l’Etat dans le plan d’investissement dans les compétences, seront attentifs aux budgets consacrés à la formation. La majorité d’entre eux ont renouvelé leurs pactes pour la période 2024-2027 et espèrent que le gouvernement ne réduira pas la voilure comme il l’a fait en mai 2024 pour l’enveloppe allouée aux Régions pour le fonctionnement des CFA. Dans une période marquée par des tensions de recrutement et une transformation rapide des métiers, réduire les budgets alloués à la formation comporte des risques. « Ce serait écarter du marché des travail des personnes qui aujourd’hui manquent de compétences de base ou de compétences métiers pour retrouver un emploi », alerte François Bonneau.
Une ministre à l’écoute
Pendant le congrès de Régions de France, Catherine Vautrin nommée quelques jours plus tôt ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation s’est dit « à l’écoute ». « A travers l’intitulé de ce ministère, le Président de la République et le Premier ministre ont voulu ouvrir un nouveau chapitre de la relation avec les collectivités territoriales », a-t-elle indiqué. Pas d’annonces à ce stade, le Premier ministre n’ayant pas encore prononcé son discours de politique générale, mais déjà l’amorce d’une méthode basée sur « l’écoute » et « le suivi » car « les politiques publiques doivent faire l’objet de suivi et d’évaluation. » « Je m’engage à ouvrir la voie à un dialogue de confiance pour vous redonner du pouvoir d’agir », a indiqué la ministre qui prévoit de s’entretenir régulièrement avec les élus et de se rendre sur le terrain afin de voir les solutions mises en œuvre dans les territoires. Les Régions attendent maintenant des actes.
IA Générative au travail : amie ou ennemie des salariés ?
L’expresso compétences – Centre Inffo. Une étude de BCG (Boston Consulting Group) 25-09-24
- Une nouvelle étude de BCG révèle que l’adoption de l’IA et de l’IA générative a considérablement augmenté au cours de l’année écoulée : parmi les employés, 43 % déclarent utiliser régulièrement GenAI au travail contre 20 % en 2023. La confiance est également en hausse : 42% des salariés se déclarent confiants quant à l’impact des IA sur leur travail, contre 26 % l’an dernier.
- Toutefois, la moitié des utilisateurs réguliers (49 %) pense que leur emploi pourrait disparaître au cours de la prochaine décennie à cause de l’IA.
- Cette enquête internationale, menée auprès de plus de 13 000 dirigeants, managers et employés dans plus de 15 pays, montre que l’IA générative permet à une majorité d’utilisateurs de gagner au moins cinq heures de travail par semaine. Ce temps gagné contribue notamment à l’amélioration de la qualité du travail.
- Les personnes interrogées dans les pays du Sud sont systématiquement plus optimistes et moins anxieuses à l’égard de GenAI que leurs homologues des pays du Nord.
Paris—18 mois après le lancement à grande échelle de ChatGPT, les sentiments des salariés vis-à-vis de l’IA et de GenAI demeurent contrastés. 42 % d’entre eux se déclarent désormais confiants quant à l’impact des IA sur leur travail, contre 26 % à la même époque l’année dernière. Parallèlement, l’anxiété à l’égard des IA est en hausse de 5 points, et 49 % des utilisateurs réguliers pensent que leur emploi pourrait disparaître dans les dix prochaines années à cause de l’IA. Ce point de vue n’est partagé que par 24 % des salariés qui n’utilisent pas ces technologies.
Ce sont les conclusions d’un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Boston Consulting Group (BCG). Intitulée « AI at Work : Friend and Foe », cette étude fait suite à l’enquête inaugurale AI at Work publiée en juin 2023. Elle se base sur une enquête mondiale menée par BCG X auprès de plus de 13 000 employés dans 15 pays et régions. Les personnes interrogées comprennent des cadres dirigeants, des managers et des employés. La plupart travaillent dans des bureaux
L’utilisation de GenAI en forte hausse
Près de deux tiers des dirigeants (64 %) affirment mettre en œuvre l’IA générative pour remodeler leur organisation. L’usage de la technologie est en forte hausse au cours de ces douze derniers mois, en particulier auprès des employés : ils sont deux fois plus nombreux à déclarer utiliser l’outil plus régulièrement (52 % en 2024 contre 20 % en 2023), et 43 % d’entre eux le font pour le travail. En France, un employé sur deux déclare utiliser régulièrement GenAI pour son travail.
“L’usage de l’IA générative a explosé cette année pour atteindre 42 % en entreprise. 2024 est l’année du déploiement après une année de découverte de la technologie”, a déclaré Sylvain Duranton, directeur monde de BCG X, l’entité tech de BCG, et coauteur de l’étude. “Les gains de productivité sont bien réels. 58 % des salariés déclarent gagner au moins cinq heures par semaine. C’est une formidable opportunité pour les entreprises et pour la société”.
Bien que les entreprises aient progressé dans la formation de leurs employés depuis l’enquête de l’an dernier, une vraie marge de progrès demeure : seulement 30 % des managers et 28 % des employés ont déjà été formés à l’IA, contre la moitié des dirigeants. L’étude 2023 révélait que 86 % des salariés souhaitaient bénéficier d’une formation pour adapter leurs compétences. En France, ce sont 50 % des managers et 33 % des employés qui ont déjà bénéficié d’une formation.
Des gains concrets pour la productivité et la qualité du travail
L’étude révèle également que parmi les personnes utilisant GenAI dans le cadre de leur travail, 58 % déclarent que l’outil leur permet de gagner au moins cinq heures par semaine. Elles utilisent ce temps gagné pour effectuer davantage de tâches (41 %) ou de nouvelles tâches (39 %), expérimenter la technologie (39 %) ou encore travailler sur des tâches stratégiques (38 %).
« Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’IA générative : à la première phase de curiosité et d’expérimentation succèdent de nouvelles attentes de passage à l’échelle et de création de la valeur », observe Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG et coauteure du rapport. « Les utilisateurs réguliers de GenAI commencent à en percevoir les bénéfices. Pour les entreprises, ils sont encore assez diffus ou théoriques. Pour rentabiliser leur investissement, les entreprises devront aller au-delà de la recherche de productivité et adopter une approche plus holistique. Cela implique par exemple de réorienter proactivement le temps gagné vers les activités les plus utiles, stratégiques pour l’entreprise et les plus sources d’engagement des collaborateurs, de former leurs employés sur ces nouvelles compétences et outils et de remodeler leurs organisations et leurs modèles opérationnels en conséquence. »
Différences significatives entre pays du Nord et pays du Sud
Sur le plan géographique, l’enquête révèle que les répondants des pays du Sud tels que le Brésil, l’Inde, le Nigeria, l’Afrique du Sud et ceux du Moyen-Orient sont plus systématiquement optimistes et moins anxieux à l’égard de GenAI que les répondants des marchés matures. Ainsi en Inde, 54 % des répondants affichent leur confiance vis-à-vis de GenAI contre 27 % au Japon et 34 % aux Etats-Unis. Les pays du Sud comptent également une plus grande proportion d’utilisateurs réguliers de l’IA générative au travail (qui l’utilisent chaque semaine) parmi leurs dirigeants (86 % contre 80 %), leurs managers (71 % contre 50 %) et leurs employés de première ligne (57 % contre 37 %). De même, les managers et les employés de première ligne des pays du Sud ont été davantage sujets aux formations GenAI au cours de l’année écoulée. 38 % des managers et 34 % des employés des pays du Sud ont ainsi déjà reçu une formation, contre 27 % des managers et 26 % des employés pour les pays du Nord. Ils sont également plus susceptibles d’utiliser le temps libéré par l’outil pour l’expérimenter, s’engager dans leur développement professionnel et se concentrer sur la qualité de leur travail.
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