La VAE attend toujours son service public

Créé fin 2022 pour simplifier l’accès à la validation des acquis de l’expérience (VAE), le service public de la VAE, censé être universel, n’existe que pour 24 diplômes. Sans budget dédié depuis novembre 2024, France VAE ne peut assister des centaines de candidats et leurs accompagnants.

Par Emmanuel Franck – Le 13 janvier 2025.  Le quotidien de la formation

En 2025, tous les actifs peuvent s’inscrire sur France VAE en vue d’obtenir, par validation de leur expérience professionnelle, une des certifications enregistrées au RNCP, et bénéficier de l’accompagnement d’un architecte accompagnateur de parcours (AAP). C’est en tous cas le principe du service public de la validation des acquis de l’expérience (VAE) créé par l’article 10 de la loi du 21 décembre 2022 sur le marché du travail et son décret du 27 décembre 2023. L’idée du législateur est de simplifier la VAE, afin de la rendre moins complexe et rébarbative pour les candidats. Au moment du vote de la réforme, seules 30 000 personnes bénéficiaient d’une VAE chaque année ; 70% abandonnaient en cours de route. En créant un service public, le gouvernement espérait susciter 100 000 VAE d’ici 2027.

24 diplômes accessibles
Cet objectif paraît actuellement inatteignable. Car dans la pratique, seuls 24 diplômes sont accessibles depuis France VAE. Et pour connaître la liste et s’apercevoir qu’elle ne couvre que les secteurs de la santé, du sanitaire et du social, il faut aller chercher dans la foire aux questions. « Prochainement, d’autres diplômes seront accessibles sur France VAE », promet néanmoins le site. On est donc loin de l’universalité promise par la loi, qui prévoyait que ce service public soit porté par un groupement d’intérêt public, toujours pas créé. C’est moins, également, que les 217 certifications couvertes il y a encore un an par la version expérimentale de France VAE.

Les candidats doivent puiser dans leur CPF

Côté financements, le candidat actuel à la VAE ne pourra compter que ce que prévoit le droit commun : son congé VAE de 48 heures, son compte personnel formation (CPF), d’éventuels abondements de son employeur, de son opérateur de compétences (Opco), de la Région ou de France Travail s’il est demandeur d’emploi. Pourtant, jusqu’au 28 octobre 2024, « les candidats inscrits pouvaient faire financer leur VAE par France VAE via Uniformation », l’Opco de la cohésion sociale, rappelle Jacques-Alexandre Habif, co-fondateur du cabinet Perspectives & Rebonds et architecte accompagnateur de parcours (APP). Mais les moyens n’ont pas suivi. Le budget dédié à France VAE en 2023 et 2024 n’a pas été reconduit. Fin 2024, les caisses étaient donc vides. « Début décembre 2024, nous nous sommes rendu compte qu’Uniformation refusait de financer les dossiers qui lui étaient parvenus après le 18 novembre », raconte-il. Il estime que 3 000 inscrits à qui France VAE avait promis un financement ont été orientés vers les solutions de droit commun.

Pétition des APP

Quant aux architectes accompagnateurs de parcours, ils ont dû hausser le ton pour se faire rembourser les frais qu’ils avaient avancés pour faire démarrer ce dispositif. Après une pétition au printemps 2024, France VAE a finalement « commencé à régler ce qui était dû aux AAP », signalent les pétitionnaires. « France VAE n’a jamais eu de communication claire auprès des APP. Nous avons toujours été mis devant le fait accompli », regrette Jacques-Alexandre Habif. Il estime que « cette réforme a beaucoup coûté aux candidats et aux architectes accompagnateurs, en temps, en confiance et en argent ». Reste qu’elle a quand même permis de simplifier le parcours administratif des candidats.

Assurance chômage : la nouvelle convention entre en vigueur

Source – Cap Métiers Nouvelle Aquitaine du 10 01 2025

Engagée il y a plus d’un an et après de nombreuses turbulences en 2024, la réforme de l’assurance chômage a finalement abouti avec la signature, par les partenaires sociaux, de la convention du 15 novembre 2024. Mettant un terme au régime de carence, elle a été agréée par un arrêté du Premier ministre publié au Journal officiel le 20 décembre 2024, lequel a exclu certaines dispositions sur les primo-demandeurs d’emploi et les travailleurs frontaliers.

Cette convention et les textes nécessaires à son application – règlement général et annexes – fixent l’ensemble de la règlementation relative à l’allocation chômage. Ces dispositions sont applicables depuis le 1ᵉʳ janvier 2025 et ce, pour une durée de quatre ans, soit jusqu’au 31 décembre 2028. Elles s’appliquent aux demandeurs d’emploi dont la fin de contrat de travail est intervenue à compter du 1er janvier 2025 et à ceux dont la procédure de licenciement est engagée à compter de cette date.

En raison de contraintes opérationnelles soulevées par l’Unédic, plusieurs mesures n’entreront en vigueur que le 1er avril 2025 : il s’agit notamment de la mensualisation de l’allocation de retour à l’emploi (ARE) sur la base fixe de 30 jours calendaires, quel que soit le nombre de jours et le mois considéré. Les travailleurs saisonniers bénéficieront également d’un abaissement de la condition minimale de travail à 5 mois au cours des 24 derniers mois pour percevoir l’ARE. Concernant les allocataires seniors, la convention décale de 2 ans les bornes d’âge permettant l’application de dispositions spécifiques pour le calcul et la durée de l’indemnisation ainsi que les cas de dégressivité.

Enfin, concernant les cotisations patronales, le taux de contribution d’assurance chômage acquittée par les employeurs passera de 4,05 % à 4 % à compter du 1er mai 2025.

Compte personnel de formation : le reste à charge fixé à 102,23 euros

La participation obligatoire au financement des formations éligibles au compte personnel de formation est désormais de 102,23 euros, après publication d’un arrêté daté du 26 décembre 2024. Soit une augmentation de 2,23 euros du reste à charge, qui avait été fixé par décret à 100 euros.

Par  – Le 03 janvier 2025. Le quotidien de la formation

L’arrêté paru au journal officiel le 26 décembre dernier amende le décret du 30 avril 2024.

Ce dernier instaurait une « participation obligatoire au financement des formations éligibles au compte personnel de formation » correspondant « à une somme forfaitaire dont le montant est fixé à cent euros et revalorisé chaque année par arrêté en fonction de l’indice mensuel des prix à la consommation hors tabac des ménages ». Le tout d’un montant de 100 euros.

Demandeurs d’emploi et CPF abondés exonérés du reste à charge

Cette participation « n’est pas due par le demandeur d’emploi et par le titulaire d’un compte personnel de formation, lorsque la formation fait l’objet d’un abondement de son employeur, y compris lorsque cet abondement est versé par l’employeur en application d’un accord d’entreprise ou de groupe, d’un accord de branche ou d’un accord conclu par les organisations syndicales de salariés et d’employeurs gestionnaires d’un opérateur de compétences. »

Exemptions en cas de reconversion professionnelle

Sont également exonérés les titulaires en cas d’actions de reconversion, lorsque la personne décide de mobiliser tout ou partie des points inscrits sur son compte professionnel de prévention sous certaines conditions, mentionnées à l’article L. 4163-8 du code du travail.

La parution de ce décret avait clos un feuilleton médiatico-politique de plusieurs mois.

Le montant du reste à charge est fixé chaque année par arrêté conjoint des ministres chargés de la formation professionnelle et des comptes publics.

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) : Prolongation en 2025

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) est prolongé jusqu’au 31 décembre 2025. Découvrez les modalités et les nouveautés pour 2025 du CSP.

Deux arrêtés, publiés au Journal officiel du 24 décembre 2024, prolongent le dispositif du contrat de sécurisation professionnelle (CSP) jusqu’à la fin de l’année 2025.

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) : Un dispositif de transition pour les salariés touchés par un licenciement économique

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) est un dispositif que les entreprises de moins de 1 000 salariés ou les entreprises en redressement ou liquidation judiciaire, sont tenues de proposer aux salariés dont le licenciement économique est envisagé.

Ce dispositif offre un accompagnement personnalisé pour favoriser le retour à l’emploi. Il inclut des mesures telles que des formations, des périodes de travail, voire une reconversion ou la création ou reprise d’entreprise. Pendant toute la durée du CSP, le salarié ayant au moins un an d’ancienneté bénéficie d’une allocation de sécurisation professionnelle (ASP) qui représente 75% du salaire journalier moyen, soit une allocation plus importante que l’allocation de retour à l’emploi « classique ».

Les modalités d’application du CSP sont définies par deux conventions interprofessionnelles : celle du 26 janvier 2015 et celle du 17 juillet 2018, spécifique à Mayotte. Ces conventions font régulièrement l’objet d’avenants pour prolonger leur validité.

Une nouvelle prolongation jusqu’au 31 décembre 2025

Conventions prolongées

Les conventions sur le CSP, initialement prolongées jusqu’au 31 décembre 2024, arrivaient à échéance. Deux nouveaux avenants signés par les partenaires sociaux ont été agrées par le Premier ministre, permettant de prolonger le dispositif jusqu’au 31 décembre 2025 :

  • l’avenant n° 9 du 22 novembre 2024 à la convention du 26 janvier 2015 ;
  • l’avenant n° 6 du 22 novembre 2024 à la convention du 17 juillet 2018 (spécifique à Mayotte).

Le congé de présence parentale : Un nouveau cas d’allongement du CSP

Ces avenants introduisent une nouveauté : la possibilité d’allonger la durée du CSP en cas de congé de présence parentale, dans la limite de la durée maximale de versement de l’allocation journalière de présence parentale.

Pour rappel, la durée initiale du CSP est de 12 mois à compter du lendemain de la fin du contrat de travail. Elle peut être prolongée dans certaines situations comme l’arrêt maladie (dans la limite de 4 mois), les congés de maternité, de paternité ou d’adoption, ainsi que les congés de proche aidant.

Vers des évolutions futures avec la nouvelle convention d’assurance chômage

Dans les préambules des avenants du 22 novembre 2024, les partenaires sociaux indiquent qu’ils prévoient d’apporter ultérieurement des ajustements en fonction des nouvelles règles issues de la convention d’assurance chômage. Cette convention, signée le 15 novembre 2024, a été agréée par un arrêté publié au Journal officiel le 20 décembre 2024. Les nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur le 1er avril 2025.

Les partenaires sociaux ont également réitéré leur demande d’ouvrir une discussion avec l’État sur le pilotage du dispositif et le financement des formations et de l’accompagnement en CSP entre l’État, l’Unédic et France Travail.

France Travail : ce qui change en janvier

Inscription de toutes les personnes en recherche d’emploi et en difficulté d’insertion, orientation accélérée, refonte de l’accompagnement et contrat d’engagement, toutes ces mesures issues de la loi pour le plein emploi entrent en vigueur dès janvier 2025.

Par  – Le 02 janvier 2025. Le quotidien de la formation

C’est par un mémo de fin d’année que la Direction générale de France Travail rappelle les évolutions de la loi pour le plein emploi du 18 décembre 2023 qui entrent en vigueur en janvier 2025. Une plus grande efficacité de l’écosystème de l’emploi et de l’insertion devrait permettre de mieux individualiser les parcours d’accompagnement.

Inscription automatique

Premier changement majeur en ce mois de janvier, l’inscription automatique à France Travail, sans démarche à effectuer, d’environ 1,2 millions de personnes. Soit un million d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA), conjoint, concubin ou partenaire de pacte civil de solidarité (Pacs) d’un allocataire du RSA, auxquels s’ajoutent 200 000 jeunes suivis en Mission locale et en Contrat d’engagement jeune (CEJ) ou en Parcours contractualisé vers l’emploi (Pacea). Cette inscription automatique s’appliquera également à tout nouveau demandeur du RSA, conjoint, concubin ou partenaire de Pacs d’un allocataire du RSA, ainsi qu’à tout nouveau jeune qui sollicitent un accompagnement en Mission locale pour leur recherche d’emploi.

L’ensemble de ces nouveaux inscrits accèderont dès janvier à « certains services » de l’opérateur du service public de l’emploi (ateliers, prestations, formations, services numériques, rencontres avec les recruteurs, etc.). Les personnes déjà suivies par un organisme poursuivront leur accompagnement avec le même organisme référent (conseil départemental, organismes délégataires du conseil départemental, Missions locales, etc.). Le nouveau contrat d’engagement prévu par la loi Plein emploi remplacera les actuels contrats (PPAE [ 1 ], CEJ, Pacea ou CER[ 2 ]). Les personnes sans accompagnement ou organisme référent bénéficieront d’un « bilan de situation » préalable à la conclusion d’un contrat d’engagement, effectué avec l’organisme le plus adapté à leur cas (France Travail, conseil départemental, etc.).

Orientation plus rapide

L’objectif sous-jacent à cette inscription automatique est d’améliorer la prise en charge des demandeurs d’emploi et personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle par une orientation plus rapide, « dans la majorité des cas dès l’inscription », vers l’organisme et le professionnel les plus adaptés à leur situation. La direction générale de France Travail le rappelle, ce sont actuellement 18 % des allocataires du RSA qui ne sont pas orientés et un délai qui peut aller jusqu’à 5 mois entre la demande de RSA et la rencontre du référent accompagnement pour ceux qui le sont. L’opérateur du service public de l’emploi souligne que « si la compétence d’orientation des bénéficiaires du RSA reste aux départements, ces derniers bénéficieront d’une proposition de France Travail tenant compte des critères partagés[ 3 ] qui pourra éclairer leur prise de décision. »

Parcours d’accompagnement rénové

Le nouveau parcours d’accompagnement démarrera par un « entretien de diagnostic global de la situation du demandeur d’emploi », réalisé à partir d’un référentiel commun mis à disposition de l’ensemble des acteurs du Réseau pour l’emploi dès le mois de janvier. Testé dans plusieurs territoires en 2024, ce diagnostic sera généralisé en 2025. Véritable « fil rouge », le diagnostic global est régulièrement mis à jour et partagé avec la personne et entre les différents intervenants du parcours d’accompagnement.

Contrat d’engagement

Les obligations réciproques prévues au contrat d’engagement signé entre le demandeur d’emploi et l’organisme référent sont définies lors de l’entretien de diagnostic. Un nouveau régime de sanctions en cas de non-respect du contrat sera précisé par décret au cours du 1er semestre 2025. Comme aujourd’hui, les départements resteront compétents et décisionnaires pour les bénéficiaires du RSA. France Travail souligne que « c’est le contrat d’engagement, sur la base du diagnostic, qui établira le niveau d’intensité de l’accompagnement de chaque personne et le nombre d’heures d’activité hebdomadaire qui devront être réalisées par le demandeur d’emploi. » Sous réserve d’adaptations, le volume hebdomadaire est fixé à 15 heures d’activité, qui peuvent prendre la forme :

  • d’actions pour définir son projet professionnel et développer ses compétences ;
  • de démarches d’accès aux droits, à la santé, au logement, de garde d’enfants… ;
  • d’actions de recherche d’emploi ou toute autre action en lien avec le projet d’accès à l’emploi.

Alors que l’obligation d’activité a parfois été contestée, France Travail souligne qu’il s’agit aussi d’une « promesse de service et d’accompagnement. » Testée dans 49 départements pilotes depuis 2023 auprès de 70 000 bénéficiaires du RSA, cette offre rénovée affiche un taux de satisfaction des bénéficiaires de 90 % et 54 % d’accès à l’emploi dans les 12 mois suivant l’entrée en parcours dont 27 % en emploi durable.

Pédagogie inclusive : comment adapter ses méthodes ?

Par Laure PIANA – Digiformag du 08/12/2024 dans l’Expresso Compétences du 12/12/2024

Intégrer les personnes en situation de handicap dans la formation professionnelle est un enjeu clé en 2025. La pédagogie inclusive va bien au-delà d’une obligation légale : c’est une question d’éthique et un moyen de faire avancer la société !

En 2023, d’après le rapport de l’Agefiph, seulement 1,4 % des contrats d’apprentissage et 2,5 % des contrats de professionnalisation concernent des travailleurs handicapés, alors qu’ils représentent 7,1 % de la population active.

Le décret n° 2006-26 du 9 janvier 2006 sur la formation des personnes en situation de handicap fixe des principes de non-discrimination et d’accessibilité à la formation. Il précise que les organismes de formation doivent « tenir compte des besoins particuliers » des personnes handicapées en adaptant les formations.

Ce n’est pas uniquement question d’accès aux lieux, ce qui est requis pour tout établissement recevant du public (ERP). Il faut aussi changer les méthodes et les contenus pour donner des opportunités égales aux personnes en situation de handicap. Mais comment faire, concrètement, pour mettre en place une pédagogie inclusive ? Voici quelques idées.

Quelques rappels sur les obligations des organismes de formation

En France, les centres de formation doivent suivre des règles pour rendre leurs lieux accessibles et adapter leurs méthodes pour les personnes handicapées. Ces règles émanent de la loi du 11 février 2005 qui vise à garantir l’égalité pour les personnes en situation de handicap.

La loi du 5 septembre 2018 a par ailleurs introduit la certification Qualiopi, pour les organismes de formation, qui impose des normes de qualité concernant les besoins des personnes handicapées.

Les centres de formation doivent donc :

  • accueillir les personnes handicapées sans discrimination ;
  • garantir des droits égaux pour l’accès à la formation et la qualification.

Et cela implique :

  • D’assurer l’accessibilité pédagogique des formations en préparant l’accueil des personnes handicapées dès le départ.
  • De développer les compétences des équipes pour aider à compenser les handicaps durant la formation.
  • D’assurer l’accessibilité des locaux sous peine de sanctions.

La loi a aussi introduit des référents handicap dans les centres de formation des apprentis.

Au-delà des contraintes légales, un enseignement inclusif aide à éliminer beaucoup de barrières pour les élèves avec des handicaps. Environ 80 % des handicaps ne se voient pas, ce qui rend la modification des techniques d’enseignement aussi importante que celle des bâtiments !

Qu’est-ce que la pédagogie inclusive ?

C’est une forme de pédagogie différenciée. Une formation qui met l’apprenant au centre. Cela permet de personnaliser les modes d’apprentissage et de varier les méthodes d’évaluation, en tenant compte des différents freins qui peuvent concerner les personnes, porteuses ou non de handicap.

Considérons la Conception Universelle de l’Apprentissage (CUA). C’est une méthode d’enseignement adaptable qui considère les différents besoins des élèves pour garantir un accès juste à l’éducation. Elle aide à diminuer les facteurs dans l’environnement qui peuvent créer des barrières cognitives, émotionnelles ou liées à la motricité, dans l’apprentissage. Mais comment débuter ?

Il y a trois leviers principaux. Voyons lesquels.

Levier n°1 : proposer plusieurs moyens de présenter les savoirs

La diversité des formats répond à la diversité des styles d’apprentissage.

Parmi les bonnes pratiques, on pensera par exemple à :

  1. proposer des ressources qui traitent d’un même sujet en différents formats (texte, image, vidéo) ;
  2. éviter les phrases complexes ou trop chargées, et définir les termes compliqués ;
  3. privilégier les représentations visuelles qui tiennent compte de la diversité des apprenants ;
  4. s’assurer de la lisibilité des textes (police, taille, espacement, contraste de couleurs) ;
  5. mettre en valeur les éléments importants (liste à puces, gras, italique, couleur) ;
  6. ajouter des éléments visuels en complément du texte (icône, schéma, image).
  7. prévoir un glossaire, des sous-titres, des traductions, des transcriptions.

Levier n°2 : favoriser l’engagement de tous les apprenants via une pédagogie plus inclusive

Pour favoriser l’engagement de tous les apprenants, il est aussi essentiel d’adapter les méthodes pédagogiques. Cela passe, par exemple, par des actions telles que :

  1. diversifier et alterner les activités d’apprentissage ;
  2. varier les modes de regroupements et la composition des équipes de travail ;
  3. clarifier les attentes de plusieurs façons et à différents moments ;
  4. mesurer fréquemment la compréhension ;
  5. recourir à des mises en situation, des exemples et des faits d’actualité dans lesquels la diversité est représentée ;
  6. animer des discussions qui permettent l’expression d’opinions diverses.

Levier n°3 : diversifier les moyens d’évaluation des acquis

Enfin, la pédagogie inclusive suppose aussi de mettre en œuvre des modalités d’évaluation adaptées à la diversité des apprenants.

Cela peut s’appuyer sur les pratiques suivantes :

  • prévoir plusieurs activités d’évaluation différentes à différents moments dans la session ;
  • donner la possibilité de faire des choix dans les évaluations (réaliser une carte conceptuelle avec un outil numérique ou papier, développer un texte ou produire une vidéo, choisir le sujet d’une présentation orale) ;
  • présenter des consignes et des attentes claires, de différentes façons (à l’écrit, à l’oral) ;
  • prévoir un temps suffisant pour l’évaluation.

Créer un environnement d’apprentissage accessible

C’est la première étape. Pour que la formation soit vraiment inclusive, l’accessibilité des locaux comme des supports de formation doit être garantie.

Cela nécessite des aménagements comme :

  • des rampes et des ascenseurs adaptés ;
  • des signalétiques claires ;
  • des supports numériques en braille, par exemple ;
  • des vidéos sous-titrées.

De plus, il faut ajuster le temps de formation pour les personnes en situation de handicap afin de prolonger les sessions si nécessaire, selon le principe de la compensation.

Au début de la formation, il est conseillé d’utiliser une grille d’évaluation des besoins de l’apprenant, comme celle fournie par l’Agefiph. Elle sert de repère à la stratégie d’adaptation de la formation.

Adapter les méthodes d’enseignement aux différents handicaps

Chaque approche pédagogique doit tenir compte des besoins spécifiques. Par exemple, l’Insee indique qu’il y a environ 1,7 million de personnes avec un handicap visuel et plus d’un million avec un handicap auditif en France. Les méthodes doivent donc s’adapter à ces apprenants.

Pour ceux ayant un handicap visuel, il est conseillé d’utiliser : 

  • des supports en braille ;
  • des documents en gros caractères ;
  • des enregistrements audio.

Ces outils aident les personnes avec handicaps à apprendre seules. Ajouter des descriptions pendant les présentations et utiliser des lecteurs d’écran aide aussi à apprendre. Enfin, encourager les conversations et les interactions orales améliore l’apprentissage.

Pour les personnes malentendantes, il faut aussi utiliser des matériels comme des documents imprimés des cours et des transcriptions écrites des enregistrements audio.

Pour les personnes avec un handicap moteur, il est important de faire des ajustements physiques et technologiques. Les salles de classe doivent être accessibles en fauteuil roulant. Les apprenants peuvent utiliser des outils comme des ordinateurs avec reconnaissance vocale ou des claviers adaptés. Il est aussi important d’être flexible sur les examens et la participation. Par exemple, en donnant plus de temps pour les exercices pratiques.

Enfin, pour les personnes avec un handicap cognitif, il est fondamental de simplifier les instructions, clarifier les objectifs et segmenter les tâches en petites étapes simples. L’utilisation d’aides visuelles, de supports mémoriels et de textes est également utile. Encouragez les pauses régulières et l’utilisation d’outils comme les cartes mentales, car cela peut aider à la compréhension et à la rétention d’information. Pensez aussi à personnaliser la formation et à utiliser une pédagogie du concret pour former les personnes neuroatypiques par exemple.

Enfin, pensez à créer un environnement d’apprentissage structuré et prévisible. Des rituels précis et programmés rassureront les personnes sur le déroulé de la formation et créeront un cadre sécurisant pour tous.

Comment surmonter les obstacles au déploiement d’une pédagogie inclusive en formation ?

Cependant, ce changement peut être complexe.

Comment surmonter ces difficultés et établir un cadre d’apprentissage qui convienne à tous ? Explorons quelques pistes.

Accompagner les formateurs au changement

L’inclusion se heurte à un obstacle : la résistance au changement. Pour certains formateurs, changer leurs méthodes peut sembler remettre en question leurs compétences. Il est important de fournir un soutien individuel pour surmonter cette résistance. Cela peut inclure du mentorat, où des experts en pédagogie inclusive aident progressivement les formateurs à adopter de nouvelles méthodes. Il est également nécessaire de créer des espaces de discussion entre formateurs pour traiter les problèmes rencontrés et développer ensemble des solutions alternatives.

Mobiliser des ressources matérielles et financières pour une pédagogie plus inclusive

La mise en œuvre d’une pédagogie inclusive nécessite souvent du matériel et des sources de financements. Certains apprenants peuvent avoir besoin de logiciels spécifiques ou de matériel d’apprentissage adapté (audiovisuel, braille, etc.).

Pour surmonter cela, il est bon de solliciter les aides financières disponibles. Des subventions existent pour les organismes souhaitant développer des formations inclusives. Identifier ces financements, notamment ceux de l’Agephip et les utiliser est essentiel pour accompagner la réussite du changement.

Établir une culture de l’inclusion

Pour réussir une pédagogie inclusive, il faut aussi créer un environnement facilitant pour aider chaque élève à bien grandir et à être soutenu. Cela implique de célébrer les réussites. Promouvoir les expériences d’élèves ayant profité de ces méthodes montre leur importance et aide à sensibiliser d’autres enseignants, les poussant à s’impliquer plus pour le handicap.

Créer une pédagogie inclusive, c’est construire un endroit où chaque stagiaire, peu importe ses différences, peut grandir et apprendre. Cela nécessite des ajustements pratiques, un bon engagement des enseignants et une volonté commune d’aller au-delà des obstacles. En rendant nos espaces d’apprentissage plus accessibles, nous ne faisons pas qu’améliorer l’égalité : nous aidons aussi à construire une société plus équitable et solidaire. Alors, êtes-vous prêts à changer vos méthodes pour inclure tous les types d’apprenants ?

Des CDI d’employabilité peuvent de nouveau être signés depuis le 15 novembre

La loi du 15 novembre 2024 qui reprend l’expérimentation du CDI aux fins d’employabilité a été publiée ce week-end au Journal officiel. Les entreprises de travail à temps partagé peuvent de nouveau – et ce pour une durée de quatre ans – conclure un tel contrat si elles en remplissent les conditions. Nous récapitulons son régime juridique et les modifications apportées par la nouvelle loi.

Adoptée le 6 novembre au Sénat dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale, la loi du 15 novembre 2024 visant à poursuivre l’expérimentation relative au travail à temps partagé aux fins d’employabilité (CDIE) a été publiée au Journal officiel du 16 novembre 2024.

Cette expérimentation prévue à l’article 115 de la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 avait pris fin le 31 décembre 2023. L’expérimentation est relancée pour une durée de quatre ans à compter du 15 novembre 2024 (date de la promulgation de la loi comme indiqué à l’article 1 de la loi).

Un public resserré

Ce CDI particulier dénommé CDIE peut être conclu par toute entreprise de travail à temps partagé (ETTP), à savoir « toute personne physique ou morale dont l’activité exclusive, nonobstant les dispositions de l’article L.8241-1 [prêt de main d’œuvre à but lucratif comme l’intérim par exemple] est de mettre à disposition d’entreprises utilisatrices du personnel qualifié qu’elles ne peuvent recruter elles-mêmes en raison de leur taille ou de leurs moyens » (article L.1252-2 du code du travail).

La loi du 15 novembre 2024 permet de déroger à la condition de mettre à disposition « du personnel qualifié » puisque les ETTP peuvent conclure un CDIE avec un public qui rencontre des difficultés particulières d’insertion professionnelle, public par ailleurs resserré par la loi du 15 novembre 2024. Un entrepreneur de travail à temps partagé peut ainsi proposer un contrat de travail à temps partagé aux fins d’employabilité :

  • aux personnes inscrites par France Travail sur la liste des demandeurs d’emploi depuis au moins 12 mois ;
  • aux personnes qui sont âgées d’au moins 55 ans et qui sont inscrites sur la même liste depuis au moins six mois ;
  • aux personnes qui sont âgées de moins de 26 ans, qui ont une formation de niveau inférieur ou égal à 3 et qui sont inscrites sur ladite liste depuis au moins six mois ;
  • aux bénéficiaires de minima sociaux ;
  • aux personnes handicapées.

Auparavant, le CDIE pouvait être proposé aux personnes inscrites sur la liste des demandeurs d’emploi depuis au moins six mois, celles âgées de plus de 50 ans (sans condition de durée d’inscription), les bénéficiaires de minima sociaux, les personnes handicapées et les titulaires d’un diplôme de niveau inférieur au bac.

Lire aussi Le CDI d’employabilité va de nouveau être expérimenté pour quatre ans

Des garanties de rémunération et de formation

Le salarié qui conclut un CDIE bénéficie de garanties.

D’une part, son dernier salaire horaire de base lui est garanti pendant les périodes dites d’intermissions.

D’autre part, le salarié bénéficie durant son temps de travail d’actions de formation prises en charge par l’entrepreneur de travail à temps partagé et sanctionnées par une certification professionnelle enregistrée au répertoire national des certifications professionnelles mentionné à l’article L.6113-1 du code du travail ou par l’acquisition d’un bloc de compétences au sens du même article L.6113-1. L’employeur est tenu de s’assurer de l’effectivité de la formation.

Par ailleurs, son employeur doit abonder son compte personnel de formation (CPF) à hauteur de 500 euros supplémentaires par salarié à temps complet et par année de présence. L’abondement est calculé, lorsque le salarié n’a pas effectué une durée de travail à temps complet sur l’ensemble de l’année, à due proportion du temps de travail effectué.

De nouvelles dispositions relatives à l’embauche par l’entreprise utilisatrice

La loi du 15 novembre 2024 ajoute une nouvelle section au code du travail dans la partie relative aux ETTP s’agissant de l’embauche par l’entreprise utilisatrice à l’issue d’une mission. Ces dispositions concernent l’ensemble des contrats conclus par les entreprises de travail à temps partagé – CDIE ou non.

D’une part, lorsque l’entreprise utilisatrice embauche, à l’issue d’une mission, un salarié mis à sa disposition par un entrepreneur de travail à temps partagé, la durée des missions accomplies au sein de ladite entreprise au cours des trois mois précédant le recrutement est prise en compte pour le calcul de l’ancienneté du salarié. Cette durée est déduite de la période d’essai éventuellement prévue dans le nouveau contrat de travail (nouvel article L. 1252-14).

D’autre part, par dérogation à l’article L.1237-1 du code du travail, lorsque la rupture du contrat de travail à temps partagé intervient à l’initiative du salarié en raison de son embauche par l’entreprise utilisatrice à l’issue d’une mission, le salarié est dispensé de l’exécution du préavis. Cette dispense n’ouvre pas droit au versement d’une indemnité compensatrice (nouvel article L.1252-15).

Entrée en vigueur de ces dispositions et droit transitoire

Ces règles sont applicables aux contrats conclus au cours des quatre années à compter du 15 novembre 2024.

En revanche, les contrats conclus jusqu’au 31 décembre 2023, et qui seraient encore en cours, restent régis par les dispositions antérieures à la loi du 15 novembre 2024.

Obligation d’information

D’une part, l’entrepreneur de travail à temps partagé aux fins d’employabilité doit communiquer à l’autorité administrative, tous les six mois, les contrats signés, les caractéristiques des personnes recrutées, les missions effectuées et les formations suivies ainsi que leur durée, le taux de sortie dans l’emploi et tout document permettant d’évaluer l’impact du dispositif en matière d’insertion professionnelle des bénéficiaires.

D’autre part, au plus tard, six mois avant le terme de l’expérimentation, soit avant le 15 mai 2028, le gouvernement remet au Parlement un rapport final sur les conditions d’application de ce dispositif et sur son éventuelle pérennisation.

Le rapport devra être établi après concertation avec les organisations syndicales de salariés et les organisations professionnelles d’employeurs et après avis de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle.

 

Les discriminations des seniors dans l’emploi

La Défenseure des droits en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), vient de publier le 17e baromètre sur la perception des discriminations des personnes de plus de 50 ans dans l’emploi. Cette enquête met en exergue les difficultés rencontrées par les seniors dans le monde du travail :

  • près d’un travailleur sur quatre de plus de 50 ans estime avoir été victime de discriminations liées à son âge ;
  • ces discriminations sont souvent alimentées par des préjugés « agistes » ;
  • les préjugés sont souvent renforcés lorsque les motifs de discrimination se cumulent ;
  • les discriminations et les relations de travail dévalorisantes affectent la santé mentale des seniors et contribuent à leur isolement ;
  • une majorité de seniors font part d’une réticence à signaler ces discriminations, souvent par manque d’information sur les possibilités de recours ou par crainte de représailles.

Plusieurs recommandations concluent ce baromètre : l’organisation de campagnes de sensibilisation et de formation sur les discriminations ainsi que sur les obligations des employeurs, la mise en place de dispositifs de signalement ainsi qu’une meilleure gestion des fins de carrière.

Source : Cap Métiers Nouvelle Aquitaine – 06/12/2024