Lors de ses « journées d’étude de la réadaptation professionnelle », les 3 et 4 octobre, la Fagerh a présenté des initiatives de formation de personnes handicapées, jeunes et moins jeunes, et d’intégration en entreprise.
Par Mariette Kammerer – Le 09 octobre 2024. Le quotidien de la formation
La Fagerh (fédération des centres de réadaptation pour personnes handicapées), qui fédère les établissements de réadaptation professionnelle, dont la vocation est d’orienter, former, et d’accompagner des travailleurs handicapés vers l’emploi en milieu ordinaire, a mis à l’honneur plusieurs « pratiques inspirantes » et parcours réussis.
Notamment l’initiative de « l’association pour la formation universelle aux tâches élémentaires » – AFUTÉ – qui a conçu une méthode d’apprentissage adaptée à des jeunes au profil neuro-atypique (trisomie 21, autisme, troubles « dys »…).
Formation de profils « neuro-atypiques »
Sa méthode s’appuie sur des « Fiches Universelles de Tâches Élémentaires », qui expliquent avec des dessins simples les différentes étapes d’une tâche élémentaire, comme monder une tomate, laver un véhicule, mettre en cartons ou encore arroser des plantes. Ne nécessitant pas de savoir lire, écrire ou parler, « cette méthode s’adresse à tous les niveaux d’autonomie et toutes les nationalités pour acquérir les compétences de base d’un métier », explique l’association. L’association forme ainsi des jeunes aux métiers de la restauration – commis de cuisine, agent polyvalent d’hôtellerie, commis de pâtisserie, production et service en restauration – directement en entreprise, avec des professionnels et le soutien d’encadrants spécialisés. « Nous avons travaillé avec Afuté pour définir des tâches élémentaires et former une vingtaine de salariés qui travaillent aujourd’hui dans nos selfs », rapporte Thierry Dubief, responsable de la mission handicap du groupe de restauration collective Compass France. En complément de ces formations, le cabinet Chaméléons aide les entreprises à repérer dans leur activité des tâches élémentaires accessibles, puis leur propose des candidats et un plan d’intégration. « Nous avons 40 jeunes en formation et en emploi en milieu ordinaire, indique Camille Pinçon, directrice de Chaméléons. Toutes les entreprises ont des tâches élémentaires qu’elles peuvent déléguer, nous travaillons avec des hôtels, un cabinet d’avocat, et en restauration collective ».
Accompagnements à la reconversion
Des possibilités de formation existent aussi pour les personnes victimes d’un accident de la vie. Les journées de la Fagerh l’ont illustré par deux belles réussites de parcours concernant des seniors. L’un était kinésithérapeute, l’autre travaillait en restauration collective, et tous deux ont fait un burn-out qui s’est soldé par un licenciement pour inaptitude, suivi d’une période de chômage et de dépression, jusqu’à ce qu’un service spécialisé les aide enfin à se réorienter.
Le kiné a été accompagné par Ladapt Ain-Savoie : « Nous évaluons les capacités de travail, l’environnement et le temps de travail qui pourraient convenir, puis la personne cherche un projet professionnel adapté à son état de santé, à partir de différents ateliers sur les habiletés professionnelles et la reprise de confiance », explique Karen Brulet, coordinatrice orientation insertion. L’ancien kiné a pu ainsi découvrir le travail du bois, faire un stage dans une menuiserie qui a confirmé son intérêt mais aussi ses limites physiques. Il s’est donc orienté vers un stage de dessin technique sur ordinateur, toujours dans l’univers de la construction bois, et a suivi une formation de « modélisation BIM », pour travailler sur des maquettes de charpente.
Dispositif régional d’orientation professionnelle
L’employée de restauration collective a été accompagnée par le Cap emploi de la Manche: « Nous avons identifié ses besoins de compensation, puis elle a intégré un dispositif régional d’orientation professionnelle afin de trouver un nouveau projet », rapporte Aurore Fleuret, chargée de mission insertion. Ayant des compétences en comptabilité, elle a fait une remise à niveau pour obtenir le titre professionnel de secrétaire comptable, et a rapidement retrouvé un emploi à temps partiel dans une administration publique. Ces retours d’expérience montrent qu’à tout âge et malgré un handicap, une reconversion demeure possible.