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L’orientation des adultes ne doit pas être un processus scolaire (InterMife)

L’idée que l’orientation peut permettre à chacun de trouver sa place relève-t-elle d’une « espérance » ou d’une« utopie » ? Posée en ouverture des rencontres nationales des Maisons de l’information sur la formation et l’emploi (Belfort, 26 et 27 juin 2014) par Gaston Paravy, président d’InterMife France, la question positionne d’emblée l’orientation comme un idéal. Pour l’humaniste pragmatique qu’il est, le défi est celui qui se pose à tout modèle de perfection : savoir évoluer dans sa confrontation avec l’environnement dans lequel il s’inscrit, sans oublier la permanence des enjeux.

La fin des 30 glorieuses

Ceci est particulièrement vrai pour l’orientation des adultes, dont la conception n’a cessé d’évoluer au gré des crises successives. La dernière sur laquelle nous avons suffisamment de recul est illustrée par la loi Delors de 1971 dont les objectifs, inscrits dans le sillage de l’éducation permanente, se sont heurtés à la fin des Trente Glorieuses. Une fois de plus, le choc pétrolier venait rappeler « que dans le traitement de l’orientation des adultes, les nécessités économiques l’ont toujours emporté sur les finalités éducatives». De même, une résistance s’est toujours manifestée, ainsi qu’en témoigne, rappelle-t-il, la création de Centre Info, des Carif et des Mife en 1982, qu’il analyse comme une réaction de l’État à la « carence de la législation en matière d’orientation ». Pour preuve, le premier logo des Mife, qui mentionnait explicitement l’« orientation professionnelle continue » comme objet.

Une vision éducative de l’orientation

Bâtie sur un « nouveau paradigme de l’orientation » appuyé sur les fondements théoriques des mouvements d’éducation populaire, la méthode d’intervention des Mife développe alors une vision éducative de l’orientation. Gaston Paravy le précise, l’innovation réside dans « les didactiques mises en œuvre », lesquelles posent un « véritable acte éducatif (…), complètement déscolarisé ». De cette rénovation militante de la relation pédagogique aux adultes, naît la méthode d’intervention propre aux Mife: la«guidance professionnelle personnalisée ». Trois mots qui traduisent à la fois l’idée d’un cheminement « aux côtés », d’un objectif connecté à l’économie et d’une réelle prise en compte de la personne. En cela, Gaston Paravy peut affirmer que«l’orientation éducative (…) n’est pas seulement un ensemble d’outils, permettant la coïncidence de compétences avec les exigences d’un poste, mais plus largement, exprime que le travail est un lieu d’investissement de la totalité de la personne ».

Insistant en conclusion sur les effets positifs de «l’accompagnement déscolarisé» sur l’autonomie, l’émancipation et la révélation du « génie spécifique de chacun », Gaston Paravy posait en filigrane la question du choix des méthodes qui, au-delà des acteurs, seront retenues pour la mise en œuvre du conseil en évolution professionnelle créé par la loi du 5 mars 2014.