Conseils

Orientation ou réorientation professionnelle

Selon certains témoignages, la MIFE est plus immédiatement perçue comme acteur potentiel ou structure aidante pour les projets de changement ou reconversion professionnels.

En effet, la reconversion est un parcours lisible, qui parle à tous, et dont on comprend et conçoit qu’il nécessite et justifie un accompagnement professionnel, voire d’expert, c’est-à-dire qu’il nécessite des ressources que l’on ne peut trouver hors le conseil de professionnel.

Si les personnes parlent plus souvent de reconversion que de réorientation professionnelle, néanmoins ces termes revêtent différentes réalités et dimensions. Choisie ou subie pour certains (notamment dans le cas de problèmes de santé ou d’inaptitude au poste), la reconversion est impérativement posée à partir de l’outil pédagogique « Histoire de Vie » et plus généralement le « Portefeuille Professionnel » pour pouvoir reconnecter utilement le projet à la personne, et ce, dans l’expression de toutes les dimensions de cette personne.

Il s’agit en effet, de travailler sur la faisabilité du projet, sur ses chances de réussite, mais pas seulement dans la perspective de la réalité d’un marché ou de l’avenir d’une activité, aussi et préalablement sur le dimensionnement possible du projet de la personne, à partir des appuis constitués par la mise en œuvre de la « Guidance Professionnelle Personnalisée ».

 

Parmi les différentes problématiques liées à la réorientation ou la reconversion, on  peut identifier :

  • Des projets professionnels qui tentent de réunir profession et passion (Etre au plus près de ce que l’on aime ou du métier qui plaît).
  • Des projets professionnels qui se construisent pour réparer une orientation défaillante.
  • Des personnes ne pouvant plus exercer dans leur métier d’origine (pour des raisons de santé, âge…).
  • Des projets issus du fait de reconversions subies

Ainsi, quatre typologies de parcours peuvent être ainsi  définies dans cette première catégorie.

 

Des femmes reprenant une vie professionnelle après une période d’inactivité (congé parental, inactivité choisie ou subie…)

L’interruption professionnelle est un facteur de fragilisation manifeste. Parmi les femmes reprenant leur activité suite à un congé parental, bon nombre ne sont pas toujours attendues par leur entreprise au retour de leur congé. Il s’agit dans ce cas souvent, de travailler un nouveau projet, d’accompagner pour anticiper la reprise d’activité ou explorer des pistes pour obtenir un emploi stable afin également de répondre à de nouvelles exigences de la vie personnelle (part nouvelle donnée à la vie familiale, temps de travail spécifiques…). Il est souvent incontournable de privilégier une phase de travail sur une possible obsolescence des compétences et de redynamisation ; il est nécessaire de retrouver la confiance en soi pour « se remettre en mouvement », ainsi témoigne une personne interviewée :  «J’ai trouvé une écoute particulière qui m’a donné envie de croire en moi, en mes capacités» (monographie Laura). Le conseiller, quant à lui poursuit dans sa retranscription : «elle a, peu à peu, repris confiance en elle, ce qui lui a permis d’une part d’envisager son parcours de façon plus positive et d’autre part de se projeter dans l’avenir».

Souvent cette interruption devient l’opportunité d’une prise de conscience pour la personne : «son expérience dans le secteur d’activité est trop ancienne et trop courte, elle envisage d’intégrer une formation… ». Pour autant, les freins existent et notamment l’urgence du retour à l’emploi.

 

Des personnes initialement mal orientées (échec ou déficience de l’orientation, ou impossibilité de poursuivre la voie choisie)

Un certain nombre a fait également les frais d’une orientation initiale insuffisante voire d’une absence d’orientation. Dans ce cas, les parcours professionnels s’avèrent souvent sinueux, parfois chaotiques et liés le plus souvent à des opportunités saisies apparemment au hasard de la vie professionnelle.

Dans ces cas, l’outil « Histoire de Vie » ou « Autobiographie Raisonnée » de la « Guidance Professionnelle Personnalisée » est un atout majeur qui va permettre enfin de donner de la cohérence et de mettre à jour un désir enfoui. De plus, l’appropriation notable des fiches du portefeuille professionnel (personnalité, intérêts, valeurs, représentations du travail..) constitue un véritable moment de plaisir et de valorisation dans cette phase exploratoire : « on peut se permettre … on s’autorise à croire que l’on peut réussir dans ce que l’on a toujours souhaité faire ».

Les monographies indiquent que dans cette typologie, tous les âges sont représentés et non pas seulement des personnes en deuxième partie de vie professionnelle. On y retrouve même des personnes assez jeunes dont la formation initiale récente n’a pas été choisie, et qui se décident assez rapidement à se réorienter, souvent persuadées que cette « mauvaise » orientation est la raison qui explique leur mal être au travail.

Pour une des personne interviewée (monographie Chloé), « la demande faite à la conseillère est de l’orienter, de l’aider enfin  à finaliser son projet dans « les métiers du social ». Elle-même dit « avoir toujours été mal orientée jusqu’alors », et veut maintenant travailler dans le domaine dont elle a toujours rêvé, le social ».

 

Des personnes ne pouvant plus exercer dans leur métier d’origine (santé, âge…)

Les conseillers des MIFE connaissent bien ce public, souvent orienté par les acteurs du réseau de l’AIO, de l’emploi, ou par la médecine du travail. Lorsqu’il s’agit de travailleurs reconnus handicapés, ils sont également suivis par les réseaux spécifiques. Il s’agit pour ces personnes de « reconversions » professionnelles lisibles, c’est-à-dire que la démarche est évidente et incontournable.

Citons l’exemple de cet homme qui, obligé de se reconvertir pour des raisons de santé, souhaite rester dans son secteur d’activité, le bâtiment (monographie Franck) : « Il se rend compte que la formation de dessinateur technique lui parait plus difficile et plus longue que la formation de métreur. De plus, il avoue avoir très peu fait de dessin technique dans sa vie. Il choisit alors la formation de métreur, plus simple, plus rapide, et où il pourra obtenir en tout, quatre Certificats de Compétences Professionnelles et un titre professionnel de niveau IV ».

Pour cette typologie de public, pour qui, non seulement le changement de métier, mais aussi de filière professionnelle s’impose, le travail de Guidance (GPP) est tout particulièrement important car il s’agit d’intégrer dans un nouveau projet de vie, les points forts, ou « indicateurs existentiels », selon le terme de Jean Yves Robin,  repérés dans l’ensemble du spectre de l’expérience personnelle et professionnelle et de retrouver de nouvelles pistes d’intérêts professionnels.

 

Des personnes qui doivent faire face à une reconversion subie (licenciement économique, raréfaction des offres sur le marché du travail, métier qui tend à disparaître…)

Cette situation est vécue le plus souvent comme une situation d’échec or, lorsque le travail sur le nouveau projet professionnel prend des appuis solides dans l’histoire de vie, la reconversion professionnelle subie peut devenir une source de nouvelles expériences et découvertes professionnelles très épanouissantes. Dans ce cas, la qualité du travail d’élaboration de projet réalisé dans le cadre de l’accompagnement est primordiale.

Citons l’exemple de cette salariée (monographie Isabelle) qui, avant même d’être licenciée ne se voit pas continuer son activité de « surjeteuse ». Elle avait déjà réfléchi à une possible reconversion mais a vérifié à la MIFE que son idée de métier n’était pas possible car « Il n’y avait pas de travail ici dans les pompes funèbres et je ne voulais pas partir loin…et pour être Thanatopracteur, il fallait avoir un niveau supérieur au bac ».

Le second projet s’avère être plus intéressant pour son avenir professionnel, lui ouvrant d’autres perspectives : elle a pu concrétiser son projet d’aide-soignante avec l’aide de l’ANPE (Pôle Emploi) et d’un organisme de formation (Renaître Innovation). Elle a pu effectuer un stage de 15 jours (Evaluation en Milieu de Travail), dans une maison de retraite, qui a confirmé son choix : «C’était super bien, j’ai eu un bon rapport écrit par les évaluateurs et j’ai un bon contact avec les résidents ». Elle devrait effectuer sous peu un prochain stage dans une résidence différente et est (au moment de l’interview) en attente d’une décision de l’ANPE, pour obtenir l’autorisation d’effectuer la formation d’Aide-soignant : « Grâce à la MIFE, je suis sortie du flou… Aujourd’hui, je suis fière d’être apte à faire le métier d’aide-soignante».