Sentiment de manque de légitimité, inquiétude financière, pressions familiales… La spécificité des freins à la reconversion professionnelle des femmes appelle un soutien particulier, ont assuré trois représentantes d’organismes de formation spécialisés dans ce type d’accompagnement, lors d’un débat au salon Générations reconversion, vendredi 26 septembre.
Par Laurent Gérard – Le 30 septembre 2025. Le quotidien de la formation
« En 4 grossesses dans 3 entreprises différentes, j’ai subi 4 discriminations menant toutes à la perte de mes postes donc à un besoin de reconversion par la suite», a attaqué Nathalie Grimaud-Morvillez, aujourd’hui directrice de la Tribu digitale, organisme de formation et de soutien aux femmes en reconversion, spécialisé dans le marketing digital « surtout pour les mamans en quête de reconversion ». Un témoignage personnel sans ambage qui a immédiatement illustré le sujet du débat « Femmes et reconversion », vendredi 26 septembre au salon Génération Reconversion à Paris, et qui n’a pas manqué de résonner fortement dans l’assistance quasi exclusivement constituée de femmes. Même si Nathalie Grimaud-Morvillez a précisé qu’elle a dû affronter à chaque fois « des managers toxiques, aussi bien féminins que masculins ».
Méconnaissance des opportunités
Le besoin de reconversion des femmes est immense, a poursuivi Garance Yverneau, directrice générale de Garance et moi, structure d’accompagnement de la reconversion professionnelle des femmes, notamment via un bilan de compétences 100 % digital, et qui a accompagné 15000 femmes. Elle cite une étude Ifop de 2023, selon laquelle « seules 24 % des femmes sont satisfaites de leur emploi, et 57 % veulent se reconvertir ». Le problème, ajoute-t-elle, est que « par manque de connaissance » des opportunités de reconversion, les femmes « s’enferment » dans 30 familles de métiers sur les 87 qui existent, ce qui donne des parcours moins riches et moins rémunérateurs.
Manque de légitimité
Un avis partagé par Debbie Jackson, fondatrice et présidente de Link’elles, structure qui propose aux femmes en désirs de reconversion un an d’accompagnement avec mentorat, mise en lien, soutien à la réflexion… « Le sentiment de manque de légitimité, la peur de la fin du salariat, le poids des taches familiales, le manque de temps… freinent les femmes dans leur désir d’émancipation », résume-t-elle.
Mentorat et découvertes
Elargir le champ de vision des femmes en désir d’émancipation professionnelle par de la mise en relation, du mentorat, des ateliers de découverte…est donc l’objet des structures des trois intervenantes, assurent-elles. « Les femmes ne savent pas que, par exemple, 200000 postes de développeur et accompagnant d’IA vont être à créer dans les années à venir : le problème est que France Travail et les autres structures publiques d’information ne le savent pas non plus ! », regrette Nathalie Grimaud-Morvillez, qui assure que les opportunités sont nombreuses et très rapides.
L’enjeu est donc d’aider les femmes à « hiérarchiser leurs critères et leurs valeurs », conclu Garance Yverneau. Pour qu’elles puissent à la fois « capitaliser sur leur passé » et se « projeter dans l’avenir ».