Les seniors toujours marginalisés sur le marché du recrutement

Malgré les campagnes et débats récurrents sur l’emploi des seniors, ceux-ci restent toujours à l’écart des opportunités d’emplois, selon une étude du cabinet de recrutement Robert Half. Seuls 17 % des 45-65 ans ont été approchés par des recruteurs au cours des trois derniers mois contre 48 % des 18-34 ans.

Par  – Le 29 avril 2025. Le quotidien de la formation

Alors que le ministère du Travail lance, ce 29 avril, une série d’initiatives et un colloque sur l’emploi des 50 ans et plus, une étude[ 1 ] du cabinet Robert Half montre que les seniors sont peu sollicités par les recruteurs. Ces salariés expérimentés ont d’ailleurs intégré cet état de fait en restant là où ils sont. Ainsi, seuls 31 % des 45-65 ans se disent à l’écoute d’opportunités ou en recherche active en 2025, contre 48 % des 35-44 ans et 51 % des 18-34 ans. Cela peut traduire une stabilité de leur part comme la crainte de ne plus retrouver d’emploi en cas de mobilité. Pour Robert Half, il s’agit d’une « mise à l’écart persistante des collaborateurs expérimentés, alors même que les entreprises ont besoin de mobiliser toutes les énergies disponibles pour redynamiser un marché en stagnation ».

Satisfaits de leur emploi

Résignés ou vraiment comblés, les seniors affichent un bon niveau de satisfaction (67 %) vis-à-vis de leur emploi actuel. En raison de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle (56 %), de l’ambiance de travail bienveillante (44 %), et d’un bon relationnel avec le manager et l’équipe (38 %). En revanche, ils sont les plus insatisfaits de leur rémunération : 44 % se sentent sous-payés et seulement 42 % déclarent être satisfaits de leur salaire actuel. Peu ont cependant l’intention de demander une augmentation en 2025 : seuls 40 % prévoient de le faire, contre 58 % des 18-34 ans.

Exigeants sur la transparence des salaires

Les seniors affichent également un haut niveau d’exigence sur la transparence salariale : 62 % ne répondent pas à une annonce si le salaire n’est pas indiqué. Enfin, seuls 22 % jugent les processus d’embauche actuels efficaces. C’est la génération la plus critique sur ce point.

CPF : possibilité de réserver les abondements supplémentaires à certaines formations

Le titulaire d’un CPF bénéficiaire d’abondements supplémentaires peut être tenu de les utiliser pour une formation particulière.

Par  – Le 18 avril 2025. Le quotidien de la formation

Le titulaire d’un CPF (Compte personnel de formation) peut bénéficier, en plus de l’alimentation régulière de son compte, d’abondements supplémentaires en provenance de divers financeurs (employeur, Opco, Régions, France Travail, fonds d’assurance formation de non-salariés, etc.).

Dorénavant, ces financeurs peuvent décider de réserver ces abondements à certaines actions et fixer un délai d’utilisation pour le titulaire du compte.
Ils peuvent aussi demander le remboursement de la part non utilisée.

Les financeurs doivent adresser à la Caisse des dépôts, par l’intermédiaire de la plateforme Mon compte formation, les informations relatives à l’identification du titulaire du compte bénéficiaire, au montant des droits supplémentaires ainsi que, le cas échéant, à la mise en œuvre des remboursements.
La somme correspondant aux droits supplémentaires est versée par le financeur à la Caisse des dépôts qui l’inscrit, dès sa réception, sur le compte du titulaire et en assure la gestion (article R 6323-42 modifié et article R6323-42-1 nouveau du Code du travail).

Pour information, la Caisse des dépôts a récemment publié une nouvelle version des conditions générales d’utilisation de l’espace des employeurs et des financeurs (Edef).

Décret n° 2025-341 du 14 avril 2025 relatif aux modalités d’alimentation supplémentaire du compte personnel de formation

Accès abonnés des fiches pratiques du droit de la formation : Fiche 22-10 Sources de financement du CPF

L’IA en formation professionnelle : innovation sous contrainte avec l’AI Act

 

Source : L’Expresso compétences du 11/04/2025 – Article de Digiformag – 10/03/2025

L’intelligence artificielle transforme la formation professionnelle, mais l’entrée en vigueur de l’AI Act européen en août 2024 pose de nouveaux défis pour les acteurs du secteur. Comment innover tout en respectant ce nouveau cadre réglementaire ? Décryptage d’une révolution pédagogique désormais encadrée.

L’entrée en vigueur de l’AI Act européen en août 2024 marque un tournant décisif dans l’adoption de l’IA au sein des dispositifs de formation. Avec ses obligations progressives s’étendant jusqu’en 2025, ce règlement établit un cadre précis pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur de la formation professionnelle.

La personnalisation et l’automatisation au service de la formation

L’IA ouvre de nouvelles perspectives pour les organismes de formation et les entreprises. L’adaptive learning, l’analyse prédictive et la réalité augmentée permettent d’optimiser l’expérience pédagogique en ajustant les contenus et le rythme d’apprentissage aux besoins de chaque apprenant.

Concrètement, un module de formation piloté par IA peut identifier les difficultés d’un apprenant et lui proposer automatiquement des exercices adaptés, accélérant ainsi la montée en compétence.

L’intégration de l’IA dans la gestion administrative offre également un gain de temps considérable. La planification des sessions, le suivi des inscriptions et la correction automatisée des évaluations peuvent être pris en charge par des algorithmes, permettant aux formateurs de se concentrer sur l’accompagnement humain.

Les exigences précises de l’AI Act pour le secteur de la formation

Le AI Act impose des obligations de transparence sur les outils d’IA utilisés en formation, notamment sur les systèmes à risque limité qui doivent informer l’utilisateur de leur nature artificielle.

Le règlement établit plusieurs niveaux de régulation :

  • Interdiction des systèmes d’IA à risque inacceptable dès février 2025 (exploitation des vulnérabilités, manipulation comportementale cachée, évaluation sociale des individus).
  • Encadrement des systèmes à haut risque (comme l’évaluation des compétences via IA), avec une mise en conformité complète exigée d’ici août 2025.

Un organisme de formation utilisant un chatbot pédagogique ou un moteur d’IA adaptatif devra garantir que ces systèmes respectent les principes de transparence et de non-manipulation des comportements.

La formation à l’IA : une obligation légale

L’article 4 de l’AI Act impose aux entreprises utilisant l’IA de former leurs employés à son fonctionnement et à ses risques. Cette disposition signifie que les formateurs et ingénieurs pédagogiques doivent désormais monter en compétence sur ces technologies.

Pour rester compétitives, les entreprises doivent non seulement intégrer l’IA dans leurs processus mais aussi former leurs collaborateurs à son usage. Des programmes spécifiques doivent aborder :

  • Les fondamentaux de l’IA et ses cas d’usage
  • L’éthique et la conformité réglementaire
  • L’impact sur les métiers et les compétences à acquérir

Un défi majeur demeure : la pénurie de formateurs experts en IA. Sans une montée en compétence des formateurs eux-mêmes, le développement des formations sur l’IA risque d’être freiné, limitant son adoption dans le monde du travail.

Vers une formation augmentée mais encadrée

L’IA représente un levier de transformation pour la formation professionnelle, mais son déploiement doit désormais se faire dans un cadre légal structuré. Les organismes de formation et les entreprises doivent anticiper ces évolutions en intégrant les obligations du AI Act dans leurs stratégies pédagogiques.

L’enjeu est clair : exploiter les opportunités de l’IA tout en garantissant une utilisation responsable et conforme aux nouvelles régulations.

Dans la formation digitale, il ne suffit pas simplement d’innover, il faut transformer en respectant un cadre éthique et légal de plus en plus précis. C’est à ce prix que l’IA pourra véritablement devenir un levier d’efficacité pédagogique.

Calendrier d’application de l’AI Act

Le Règlement européen sur l’intelligence artificielle déploie ses exigences selon un calendrier progressif. Bien que la date principale d’application complète soit fixée au 2 août 2026, plusieurs dispositions entrent en vigueur à des échéances différentes, certaines avant cette date pivot, d’autres après. Le tableau suivant détaille ces étapes clés de mise en conformité pour les acteurs de la formation.

Dispositons Entrée en application
Interdictions relatives aux systèmes d’IA présentant des risques inacceptables 2 février 2025
Obligations incombant aux fournisseurs de modèles d’IA à usage général 

Désignation des autorités compétences au sein de chaque Etat membres de l’UE

2 août 2025
Règles relatives aux systèmes d’IA à haut risque de l’annexe I (1) 2 août 2027

 

Sources :

  • https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=OJ:L_202401689#ntc40-L_202401689FR.000101-E0040
Rony Germon - Contributeur Digiformag

Rony Germon

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Que reste-t-il de la réforme de la VAE ?

Le ministère du Travail met fin à huit mois de confusion et dévoile sa nouvelle feuille de route pour le service France VAE. Si l’Etat ne financera plus le dispositif, un plan d’action interministériel relance la réforme dans une version 2.0. La plateforme devrait ainsi devenir le point d’entrée unique vers la VAE (validation des acquis de l’expérience) d’ici début 2026.

Par  – Le 10 avril 2025. Le quotidien de la formation

Une page se tourne pour la réforme de la VAE lancée en 2022. Après une phase d’expérimentation et le coup de frein brutal de l’été dernier, le nouveau service public revoit ses ambitions. Le ministère du Travail tient toutefois à réaffirmer « sa volonté de poursuivre la réforme » pour développer le dispositif, le rendre plus simple et plus accessible. La question pouvait se poser après plusieurs mois d’une politique publique peu lisible (voir notre article). La plateforme France VAE fonctionnait alors au ralenti, laissant les acteurs dans le doute et l’incertitude. Arrêt du financement de l’Etat, réduction du portefeuille de certifications professionnelles éligibles :  l’objectif initial de 100 000 parcours par an d’ici 2027 semble définitivement s’éloigner. Pire, la réforme, brisée dans son élan, marquait le pas. Il était donc temps de clarifier la situation dans un contexte où les besoins de mobilité et de pénurie de compétences se font plus que jamais sentir.

Relancer le service France VAE

Des arbitrages ont donc été rendus pour construire un plan d’action à l’échelle interministérielle – notamment avec le ministère de l’Education nationale-. Ayant fait ses preuves lors de l’expérimentation en droit futur, la simplification des démarches administratives pour la constitution d’un dossier de VAE sera poursuivie et entérinée. Le portefeuille de certifications professionnelles éligibles s’étoffera jusqu’à la fin de l’année pour représenter en 2026 l’ensemble des certifications existantes (contre 300 aujourd’hui et seulement 26 début 2025). Enfin, pour prétendre devenir le portail unique de la VAE, il faudra embarquer les accompagnateurs architectes de parcours (AAP). Ces derniers devront respecter les CGU de la plateforme France VAE et celles de mon Compte formation qu’un futur décret devrait adapter à cet effet.

Encourager les financements

Plus qu’un outil technique, la plateforme doit devenir, aux yeux du ministère du Travail, « un outil métier ». En rassemblerait toutes les parties prenantes, le portail jouerait ainsi le rôle de facilitateur de parcours co-construits, de communication, de coordination et accélérerait les process pour les candidats, les accompagnateurs, les certificateurs et les financeurs. Un budget sera prévu pour faire évoluer les fonctionnalités et faire vivre le site.  C’est ainsi qu’une page a été dédiée aux régions sur laquelle 4 d’entre elles communiquent déjà sur leur politique en matière de VAE. Afin d’encourager les financements, un projet pilote facilitant le déploiement de VAE collectives dans le secteur du sanitaire et social a ainsi été lancé pour être déployé, à l’échelle, en septembre prochain. Dans le même esprit, des accords-cadres pourraient être signés avec des Opco. Le ministère du Travail reprend donc en main la réforme de la VAE y compris le pilotage d’une gouvernance revisitée autour des principales parties prenantes.

Sécuriser le parcours des travailleurs handicapés avec le DFA

En Auvergne-Rhône-Alpes, le dispositif de formation accompagnée (DFA) permet aux bénéficiaires en situation de handicap d’accéder aux formations de droit commun et d’être suivis sur le plan médico-social. Objectif : marier inclusion et sécurisation des parcours.

Par  – Le 08 avril 2025. Le quotidien de la formation

« L’idée, c’est l’inclusion. Les personnes en situation de handicap peuvent se former ailleurs que dans un établissement et service de réadaptation professionnelle (ESRP) », résume à gros traits Thierry Chosson, responsable régional Auvergne-Rhône-Alpes Fagerh [ 1 ] et directeur d’un ESRP à La Mothe. Il développe : « les deux principes fondamentaux, c’est d’offrir un plus grand choix de formations – à proximité du domicile de la personne bénéficiaire, et de mettre en place un accompagnement pour les besoins médico-sociaux. »

Opérationnel en Auvergne-Rhône-Alpes depuis début 2025, et soutenu entre autres par l’ARS (agence régionale de santé), le dispositif de formation accompagnée (DFA) repose sur la collaboration entre organismes de formation « en milieu ordinaire » (ex : Afpa) et ESRP de Ladapt ou de l’Epnak.

Le référent, rôle pivot du DFA

Chaque stagiaire de la formation est accompagné d’un référent. C’est la pierre angulaire du DFA, il œuvre en faveur de la sécurisation du parcours. « Rattaché à l’ESRP, et en lien avec les formateurs, il va évaluer les besoins médico-sociaux (santé, insertion, etc.) et mobiliser les professionnels du dispositif (infirmières, neuropsychologues, etc.) pour y répondre. C’est l’interlocuteur privilégié des organismes de formation à qui il peut demander, par exemple, une adaptation de leur pédagogie », expose Thierry Chosson.  « Évidemment, il joue la carte de la disponibilité tout au long du parcours. »

Quelle est la cible du DFA ? Toute personne de plus de 16 ans porteuse d’un projet d’insertion et bénéficiaire de l’OETH (obligation d’emploi des travailleurs handicapés). Au préalable, la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) doit valider la demande.

« Nous ne sommes pas, dans le cas du DFA, dans l’obligation de mise en accessibilité de la formation par les organismes de formation. Nous sommes vraiment sur des publics pour lesquels le besoin de compensation et le besoin médico-social est supérieur », nuance Sandrine Veron, chargée de mission handicap à Via Compétences. Autrement dit,  le DFA n’est pas à destination de toutes les personnes en situation de handicap pour qui, parfois, les dispositifs déjà existants suffisent.

Projet professionnel ficelé en amont

Afin d’éviter toute déconvenue, l’intervenante tient à éclairer un autre point important. « Le dispositif de formation accompagnée n’a pas vocation à élaborer un projet de formation.  Cela suppose [de la part de l’hypothétique futur bénéficiaire] d’avoir identifié son parcours. D’avoir été reçu par un organisme de formation, que son projet soit validé par celui qui va le former. »

Dispositif encore jeune dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, « c’est naissant », Thierry Chosson reconnaît que le DFA « bougera peut-être dans le temps », « on se pose la question des formations universitaires et de plein d’autres choses. »

Notes

1. Fédération des centres de réadaptation pour personnes handicapées.

La montée en compétences, clé de voûte de l’industrie des batteries

Face à l’Asie et aux États-Unis, l’Europe et le Canada doivent former massivement leur main d’œuvre pour espérer développer une filière batterie souveraine. Ce défi compétences a été discuté lors d’une table ronde internationale organisée récemment à Grenoble par Verkor dans le cadre de l’école d’hiver de la batterie.

Par  – Le 07 avril 2025. Le quotidien de la formaton

C’est moins de 2 ans après l’inauguration du Verkor Innovation Centre (notre article), à Grenoble, que s’est tenue dans cette même capitale des Alpes l’école d’hiver de la batterie. Le 27 mars, une table ronde internationale a permis de balayer les enjeux. Alors que le constructeur chinois BYD qui vient de dépasser Tesla multiplie les innovations, c’est toute l’industrie des batteries électriques qui connaît un essor fulgurant en Europe. Mais cette croissance rapide se heurte à un défi majeur : le manque de compétences. À l’orée de l’entrée en production de la gigafactory de Dunkerque, c’est Gilles Moreau, directeur Innovation ouverte chez Verkor, qui souligne le « besoin de tous types de profils, pas seulement d’électrochimistes. » On le comprend, réindustrialiser la France pose de sérieux problèmes de recrutement quand la désindustrialisation a tout simplement fait disparaître un large éventail de compétences : « il nous faut des techniciens de maintenance, des opérateurs de production, des spécialistes en automatisation. »

France, Italie, Canada : des approches complémentaires

Troisième pilier du Verkor Innovation Centre[ 1 ], l’école de la batterie s’efforce de coordonner les efforts de formation pour la France, avec l’appui du SGPI via les appels à manifestation d’intérêt Compétences et métier d’avenir de France 2030. Si le soutien est massif, les besoins de l’écosystème le sont tout autant : 800 000 personnes à former entre 2021 et 2025 à l’échelle européenne, 40 000 chaque année d’ici 2030 en France et 10 000 au Québec à l’horizon 2030. La diversité des besoins reflète la complexité de la filière. De l’ingénierie à la maintenance en passant par la qualité, chaque maillon de la chaîne requiert des compétences spécifiques. Et si les batteries ne sont pas une innovation si récente, le passage à l’échelle des gigafactories n’en constitue pas moins un « défi majeur » pour l’écosystème d’éducation/formation, souligne Alain Denoyelle, assistant professeur à Grenoble INP – UGA. De l’autre côté des Alpes, c’est Sylvia Bodoardo, professeure au Politecnico di Torino (Italie), qui souligne qu’une telle transition prend du temps et requiert un équilibre difficile à trouver entre budget innovation et budget formation.

Accompagner les reconversions

Pour répondre à la pénurie de compétences, l’ensemble des acteurs cherche à établir des passerelles avec d’autres industries. À Grenoble, ce sont par exemple les savoir-faire de l’ancienne industrie papetière qui intéressent, en Italie, l’accent est mis sur la reconversion des travailleurs de l’industrie automobile classique. Vicky Côté, directrice de la formation continue à School Board (Québec), mentionne aussi la nécessité d’attirer les talents internationaux pour développer la « vallée de l’énergie. » Ce n’est pas Verkor, où se côtoient une cinquantaine de nationalités, qui démentira, pas plus que l’Italie, où l’école polytechnique de Turin accueille 25% d’étudiants étrangers. Si l’Anglais ne pose pas de problème majeur en tant que lingua franca, c’est plutôt la difficulté à faire émerger un « langage technique commun » qui est relevée par Sylvia Bodoardo. Pour Alain Denoyelle, c’est aussi un défi interculturel qui se pose : « le monde est plus large que la culture occidentale », sourit-il.

Se préparer dans un contexte incertain

Alors que le monde est secoué de turbulences géopolitiques qui ne sont pas sans affecter les enjeux de transition énergétique, les participants de la table ronde refusent de se résigner. Dans cette période d’incertitude, des ralentissements s’observent, reconnaît Sylvia Bordoardo. Mais pourquoi ne pas en profiter pour créer les centres de formation qui font défaut et accélérer la reconversion des travailleurs, interroge-t-elle. Appelant à un sursaut patriotique du Vieux Continent, elle plaide aussi pour une forme d’ « alliance européenne. » Pour Gilles Moreau, rien ne sert de « sur-réagir » et mieux vaut plaider en faveur d’une certaine stabilité des politiques publique, condition selon lui nécessaire au déploiement de l’innovation. Sa conviction demeure : « nous ne savons pas quand mais nous en sommes certains, les voitures électriques sont le futur. »

De quoi conclure avec un glorieux européen : « If it be now, ’tis not to come ; if it be not to come, it will be now ; if it be not now, yet it will come. The readiness is all.[ 2 ]. »

CPF, un tournant dans le contrôle de la qualité de l’action de formation ?

Marquée par une lutte intensive contre la fraude et une régulation musclée, la transformation du marché du compte personnel de formation franchit une nouvelle étape. La Caisse des Dépôts vient de lancer un dispositif d’évaluation centré sur la qualité des actions de formation. Un référentiel de 17 critères servira de cadre à 1 000 audits, complétant ainsi sa politique de contrôle. À quoi doivent s’attendre les organismes de formation ?

Par  – Le 07 avril 2025. Le quotidien de la formation

Serpent de mer de la régulation, le contrôle de la qualité de la formation prend-il enfin corps ?  Longtemps resté au stade des intentions, le sujet se concrétise pour les organismes de formation. La Caisse des dépôts (CDC), en lien avec le ministère du Travail, ouvre la voie. Il y a un mois, l’opérateur du Compte personnel de formation (CPF) annonce sur Edof [ 1 ] une campagne de 1 000 audits pour 2025. La première vague démarre dès le mois de mars.  « Nous entrons dans une nouvelle étape de notre politique de contrôle. La plateforme et le dispositif arrivent à maturité. Avec le lancement de cette nouvelle démarche évaluative de la qualité de l’action de formation, nous sommes dans une logique d’amélioration continue », confirme Gwenola Martin-Gonzalez, directrice de la formation professionnelle, CDC. L’approche se veut constructive plutôt que coercitive. L’opérateur avance avec prudence sur un terrain encore sensible.  Il faut dire que les premiers pas de la régulation du CPF ( voir notre article) ont laissé des traces. Focalisée sur l’éradication des fraudes, elle a démarré sous haute tension. Le cadre réglementaire s’est durci dans l’urgence et à un rythme soutenu. Entre 2021 et 2022, le choc est brutal. Le nombre d’organismes de formation chute alors de 25 000 à 15 000, chiffre qui semble désormais se stabiliser. Autant dire que la perspective d’un nouveau contrôle inquiète.

Un nouveau champ et une nouvelle méthodologie de contrôle

Le système qualité né en 2018 a montré ses failles. Si la certification Qualiopi a joué son rôle de garant des process et de l’organisation des organismes de formation, il manquait un maillon essentiel autour du contrôle de la qualité de l’action de formation elle-même.  Dévolue aux financeurs, cette mission de contrôle doit être renforcée. Au sein du groupe de travail sur la qualité porté par le ministère du Travail, ces derniers ont partagé leurs pratiques et leurs référentiels (voir notre article) .  Aux avant-postes, la CDC lance son projet dans un cadre maîtrisé et structurant. « Une expérimentation a été menée avec une quinzaine d’organismes de formation entre 2023 et 2024. Cela nous a permis d’affiner la grille d’analyse et la méthodologie des audits », précise Gwenola Martin-Gonzalez. Pilotée par les équipes de la CDC, la réalisation des audits standards sur pièce et exhaustifs sur site a été confiée à un groupement Sauléa -Ernst &Young composé de consultants et de spécialistes de l’audit. Articulés autour de trois thématiques, 17 critères ont été retenus.  Certains adressent, en les approfondissant, les conditions de réalisation de l’action de formation dont les relations avec les sous-traitants (voir notre article). D’autres s’intéressent davantage à la pédagogie en évaluant « la durée et le rythme de la prestation » ou « la composition des groupes de stagiaires au regard des objectifs de la formation et le public visé. D’autres encore mesurent l’impact de la prestation sur le développement des compétences, la préparation à la diplomation et le projet professionnel du bénéficiaire.

De simples recommandations à de potentielles sanctions

Conscient que cette démarche d’évaluation pourrait susciter des interrogations parmi les organismes de formation, l’opérateur du CPF a partagé la grille et la méthodologie avec les principales têtes de réseaux en février dernier. Mais certains craignent une nouvelle vague de régulation. La CDC navigue avec précaution sur ce terrain sensible. « Il ne s’agit pas de sanctionner mais de proposer des recommandations. Mais, si à l’occasion du contrôle des non-conformités au cadre juridique sont constatées, il pourra y avoir des mises en demeure de se mettre en régularité, voire l’ouverture d’un nouveau contradictoire sur la base de ces non-conformités pour les cas plus graves ». Toujours dans un souci d’apaisement, la CDC précise que « cette nouvelle démarche se déploiera progressivement et continuera à se construire en tenant compte des retours des premières séries d’audits ». Enfin, un outil d’auto-évaluation sera prochainement mis à disposition afin de faciliter la préparation aux audits. Mais ne nous y trompons pas. La nouvelle démarche d’évaluation de la qualité de la CDC s’inscrit dans la volonté des pouvoirs publics d’accélérer sur cette question devenue incontournable. Un autre temps de la régulation dans la formation professionnelle ( voir notre article)  va s’ouvrir dans un contexte de restriction budgétaire avec des mesures réglementaires et législatives attendues d’ici l’été.

Objectif « plein emploi »: pourquoi et comment?

 

Le rapport intitulé « Objectif « plein emploi » : pourquoi et comment ? » analyse les perspectives d’atteindre le plein emploi en France. Il met en évidence les écarts de nombre d’heures travaillées entre la France et ses voisins européens (Allemagne et Royaume-Uni) ainsi que les États-Unis. La France affiche un déficit de 100 heures travaillées par an par habitant par rapport à ses voisins européens et de 300 heures par rapport aux États-Unis.

Principaux constats :

  1. Taux d’emploi plus faible : La principale cause de cet écart est un taux d’emploi inférieur, particulièrement chez les jeunes et les seniors.
  2. Insertion des jeunes et maintien des seniors : L’entrée des jeunes sur le marché du travail est plus lente et les seniors sortent plus tôt du marché.
  3. Contribution des femmes : Si la participation des femmes a considérablement augmenté, cette tendance s’essouffle.
  4. Emploi des non-qualifiés : L’effondrement de l’emploi des personnes peu qualifiées reste préoccupant, entraînant des difficultés d’intégration sociale.

Recommandations de politiques publiques :

  • Améliorer l’adéquation formation-emploi pour accélérer l’insertion professionnelle.
  • Prolonger l’activité des seniors par des réformes adaptées aux diverses situations.
  • Renforcer la participation des femmes en facilitant la conciliation entre travail et vie familiale.
  • Soutenir l’emploi des jeunes non qualifiés par des dispositifs d’accompagnement et de formation.

En somme, la stratégie de plein emploi en France repose sur une meilleure inclusion des jeunes, des seniors, des femmes et des personnes peu qualifiées, accompagnée d’une adaptation des politiques publiques.

3 actifs sur 5 en France n’atteignent pas l’autonomie numérique en milieu professionnel

Dans le cadre de la feuille de route nationale France Numérique Ensemble, l’Observatoire Pix des compétences numériques dévoile les résultats de sa première étude sur la maîtrise du numérique des personnes en emploi en France, avec un premier constat : 3 personnes en emploi sur 5 ne disposent pas des compétences numériques nécessaires à leur autonomie professionnelle.

 

Des inégalités face à la transformation numérique des métiers

Pour sa première étude, l’Observatoire Pix des compétences numériques a mené une enquête afin de cartographier la maîtrise du numérique des actifs en emploi en France. Les résultats révèlent des disparités marquées : moins 40 % des personnes en emploi en France possèdent un niveau d’autonomie suffisant pour tirer pleinement parti des outils numériques dans le milieu professionnel. 

Si le numérique s’est progressivement imposé comme un levier d’efficacité en milieu professionnel, son manque de maîtrise à titre individuel peut constituer un frein et contribuer à des inégalités au sein même des organisations. Cette enquête met en évidence des écarts significatifs selon le profil professionnel, l’âge et le niveau d’études. Cependant, même parmi les catégories considérées comme plus performantes, des fragilités pénalisantes subsistent dans la maîtrise de compétences essentielles à son quotidien professionnel. Aussi, 85 % des personnes en emploi  expriment également une réelle volonté d’améliorer leurs compétences numériques, soulignant l’importance de proposer des dispositifs de formation adaptés.

 

Découvrir les résultats de l’étude “Les compétences numériques des personnes en emploi”

 

Autonomie numérique en milieu professionnel : définition

Une personne peut être considérée comme “autonome” lorsqu’elle maîtrise les outils numériques de base lui permettant d’exécuter des tâches professionnelles courantes, comme utiliser des outils collaboratifs ou un agenda en ligne ou encore effectuer des manipulations basiques de données dans un tableur par exemple. Elle doit aussi avoir des notions de cybersécurité et être capable de s’adapter à de nouveaux outils numériques.

 

Une maîtrise relative pour les cadres

Bien que les attentes professionnelles soient souvent élevées pour les cadres et qu’ils  soient en première ligne de l’accompagnement de la transformation numérique des organisations, seule la moitié des cadres atteignent un niveau d’autonomie numérique professionnelle : 80 % des cadres ne savent pas analyser la fiabilité d’une source d’information et 1 cadre sur 3 ne sait pas reconnaître une tentative de phishing par exemple.

Les ouvriers rencontrent, quant à eux, des difficultés majeures. Seul 1 ouvrier sur 4 est considéré comme un utilisateur autonome : 39 % des ouvriers ne parviennent pas à télécharger un document en ligne, comme une fiche de paie par exemple.

 

Une meilleure maîtrise chez les jeunes, mais des progrès à faire en milieu professionnel 

L’autonomie numérique varie également selon l’âge. Chez les 15-34 ans, 1 jeune en emploi sur 2 atteint le niveau d’autonomie numérique professionnelle. S’ils semblent mieux maîtriser le numérique que les autres catégories d’âge, on constate cependant des fragilités sur certaines compétences essentielles en milieu professionnel comme la bureautique par exemple, où 51 % des jeunes ne savent pas calculer une moyenne dans un tableur.

Chez les plus de 55 ans, 2 seniors en emploi sur 5 sont en grande difficulté. Ces difficultés numériques rencontrées dans leur quotidien professionnel (70 % des seniors ne maîtrisent pas les outils de visioconférence par exemple) accentuent le risque de décrochage professionnel au sein même de leur structure.

 

Une influence du niveau d’études, mais des fragilités même chez les plus diplômés 

Le niveau de formation joue un rôle déterminant. Les personnes en emploi titulaires d’un bac ou d’un diplôme inférieur rencontrent plus de difficultés : moins d’1 sur 3 atteint l’autonomie numérique. 44 % ne parviennent pas à gérer correctement les destinataires d’un e-mail par exemple.

À l’inverse, 3 titulaires d’un master ou plus sur 5 atteignent l’autonomie numérique, un résultat supérieur à la moyenne nationale. Ces bons résultats ne doivent pas masquer les fragilités qui subsistent : 77 %  ne savent pas évaluer la fiabilité d’un article partagé en ligne, une compétence pourtant indispensable pour prévenir la désinformation.

 

Cybersécurité, RGPD, numérique responsable : des sujets globalement mal maîtrisés

Sécuriser sa pratiqueréduire l’impact environnemental, économique et social de ses usages, protéger ses données personnelles… Face à ces grands enjeux du numérique, un socle commun de connaissances reste à acquérir par tous :

  • 1 personne en emploi sur 2 ne sait pas reconnaître une tentative de phishing (ou hameçonnage), un SMS ou e-mail frauduleux destiné à tromper la victime pour l’inciter à communiquer des données personnelles et/ou bancaires en se faisant passer pour un tiers de confiance ;
  • 2 personnes en emploi sur 3 ne savent pas quels sont leurs droits en matière de données personnelles auprès des organismes qui utilisent leurs données ;
  • 3 personnes en emploi sur 4 ne maîtrisent pas les ordres de grandeurs en matière d’impact environnemental du numérique.

 

Plus 85 % des personnes en emploi, tous profils confondus, expriment une réelle volonté d’améliorer leurs compétences numériques 

Avec ces axes d’amélioration, la formation aux compétences numériques apparaît comme un enjeu majeur dans le milieu professionnel. Plus de 85 % des personnes en emploi, tous profils confondus, expriment une réelle volonté d’améliorer leurs compétences numériques. Ce besoin, partagé quel que soit l’âge, le niveau de diplôme ou la catégorie professionnelle, souligne l’importance de proposer des dispositifs de formation adaptés pour accompagner l’ensemble des actifs en emploi dans leur montée en compétences.

 

Découvrir les résultats de l’étude “Les compétences numériques des personnes en emploi”

 

 

Source et méthodologie

Au total, 1 900 répondants ont participé à l’enquête. Afin de garantir la représentativité des résultats, une méthode statistique de calage sur marge a été appliquée sur des variables clés : l’âge, le sexe, le niveau de diplôme, la région d’habitation, ainsi que la répartition sectorielle (secteur public et privé). Ce redressement permet de rééquilibrer l’échantillon en ajustant le poids des individus sur-représentés et sous-représentés. Les groupes de niveaux sont définis à partir de la théorie de réponse à l’item (TRI).

 

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