C’est avec la négociation Pacte de vie au travail en toile de fond (dont la séance conclusive se tient ce 8 avril) que les partenaires sociaux ont échangé jeudi 4 avril à Vichy, à l’invitation des CIBC (centres interinstitutionnels des bilans de compétences), sur la question de l’accompagnement et de la sécurisation des parcours. La perspective d’un individu acteur responsable mais accompagné se confirme.
Par Nicolas Deguerry – Le 08 avril 2024. Le quotidien de la formation
Réunir à Vichy l’ensemble des partenaires sociaux à quatre jours de la séance conclusive de la négociation Pacte de vie au travail, c’est le défi relevé par la fédération nationale des CIBC pour la séquence publique de son séminaire national organisé jeudi 4 avril. Table séparée pour les organisations syndicales et patronales la veille au soir lors du diner de gala, mais bien tous ensemble le lendemain sur la scène du Palais des congrès-Opéra de la ville d’eaux. Et s’il n’était pas question d’aborder frontalement le contenu de la négociation en cours, c’est avec une énergie certaine qu’elles ont échangé sur le thème de l’accompagnement des individus et de la sécurisation des parcours dans un contexte de transitions et reconversions professionnelles.
Accompagner les salariés
C’est d’abord la CFDT qui rappelle par la voix de Séverine Garandeau-Martin, secrétaire confédérale, que la création d’un « droit à la reconversion professionnelle » figure parmi les 10 propositions communes formulées par les organisations syndicales le 19 mars (notre article). Ce droit appelé à compléter le droit à la formation déjà existant, implique selon elle un droit à l’accompagnement à la construction du parcours professionnel. Ce qui passe notamment par le CEP, mais aussi par un travail sur la traçabilité des compétences et un socle de garantie qui inclut maintien de la rémunération, droit au retour et qualité de la formation.
Accompagner les chefs d’entreprise
Conseiller confédéral de la CFTC, Maxime Dumont plaide pour davantage de qualité dans les entretiens professionnels et insiste sur la nécessité de mettre au service des dirigeants de TPE (entreprises de moins de 10 salariés) les missions RH (ressources humaines) des Opco (opérateurs de compétences). Souci partagé par Éric Chevée, vice-président de la CPME, qui regrette la faible « opérationnalité » des entretiens professionnels et appelle à se préoccuper davantage de l’accompagnement des chefs d’entreprise. Accord d’Anne-Marie Le Roueil, présidente de la commission formation de l’U2P, qui souligne toutefois que les « indépendants » souhaitent garder le contrôle du dialogue avec leurs salariés.
Manque de moyens
Pour Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC, c’est le manque de moyens financiers affectés aux projets de transition professionnelle (PTP) qui pose problème, avec 500 millions aujourd’hui contre 1 milliard à l’époque du CIF. Une réduction qui révèle selon lui une tentation de faire financer les transitions par la « case chômage », alors qu’un demandeur d’emploi de plus de 50 ans n’a « que 15 % de chances de retrouver un CDI. »
Développer la vision stratégique
Parce que la questions des transitions/reconversions requiert davantage d’anticipation, Anne-Marie Le Roueil (U2P), en appelle à la création d’une instance stratégique nationale multipartite, par ailleurs également évoquée par les organisations syndicales dans leurs propositions communes, qui s’appuierait sur les travaux des observatoires de branches. Secrétaire confédérale de la CGT, Sandrine Mourey regrette un « adéquationnisme » grandissant qui amoindrit la liberté de choix du salarié et dénonce une « marchandisation » de la formation par trop « court-termiste. » Évoquant par ailleurs l’impact territorial des décisions des donneurs d’ordre, la cégétiste appelle à une collaboration à visée stratégique renforcée avec les conseils régionaux.
Pour Patricia Devron, secrétaire confédérale FO, c’est notamment la disparition de la mutualisation pour les entreprises de plus de 300 salariés et la suppression du CIF, orchestrées par la loi de 2018, qui ont « appauvri » l’investissement dans la formation professionnelle et ainsi fragilisé la sécurisation des parcours.
- Fédération nationale des CIBC : https://cibc.net/



