Plusieurs DRH de groupes internationaux ont présenté leurs actions en faveur des salariés expérimentés, au cours du colloque « Emploi des 50+ » qui a marqué le lancement de la mobilisation gouvernementale sur l’emploi des seniors.
Par Valérie Grasset-Morel – Le 07 mai 2025. Le quotidien de la formation
S’il y a un sujet sur lequel la France se distingue des autres pays européens sur les seniors, en mieux cette fois-ci, c’est le dialogue social sur la question de la séniorité. « Le sujet de la pénibilité paraît plus sensible qu’ailleurs ainsi que les politiques d’entreprises en faveur des aidants et de la santé », note Jean-Christophe Sciberras le coordinateur de Global Deal France, la communauté internationale en faveur du dialogue social co-pilotée par l’OCDE et l’OIT. Qu’elles signent un accord ou pas, les entreprises témoignent de leur mobilisation accrue en faveur de leurs collaborateurs expérimentés. « Pour une fois, nous n’avons pas conclu d’accord sur cette question mais nous avons demandé à nos cinq syndicats représentatifs de produire eux-mêmes une vingtaine d’indicateurs (accès à la formation des seniors, taux d’engagement, rémunération, etc.) que nous suivons tous les six mois au sein d’un observatoire paritaire », explique Dominique Laurent, DRH de Schneider Electric.
Quatre profils de seniors
Cet observatoire s’inscrit dans le programme « Seniors France » de Schneider Electric fondé sur la réponse à la diversité des aspirations des salariés de plus 50 ans et la volonté de combattre les idées reçues sur la place des seniors dans l’entreprise. A l’issue d’une enquête interne, quatre profils de personae ont été identifiés : Claire qui veut continuer à s’investir dans son emploi, Thierry qui aimerait transmettre ses connaissances, Alba qui ambitionne d’accélérer sa carrière et Pierre qui souhaite commencer à préparer son départ à la retraite. Sur la base de ces profils, Schneider Electric a défini des leviers d’actions pour aider chacun de ses salariés à s’épanouir dans leur dernière partie de carrière. « On ne souhaite pas catégoriser les collaborateurs mais on veut qu’ils se reconnaissent dans ces personae pour discuter avec leur manager et se projeter sur les années qui restent », précise le DRH.
Important travail d’anticipation
Du côté du groupe Safran, la problématique des seniors s’est imposée très tôt pour que les compétences et expertises des collaborateurs de l’équipementier aéronautique ne disparaissent pas au moment des départs à la retraite. « Cela exige un important travail d’anticipation dès 50 ans et pas à 60 ans, avec l’aide de la médecine du travail. Chez nous, des bilans médicaux sont systématiquement proposés dès 50 ans et, le cas échéant, nous mettons en place des parcours de reconversion très customisés », décrit le DRH de Safran, Stéphane Dubois. « Si on arrive à articuler la réorientation professionnelle, la formation et la promotion, on règle une partie de la question des seniors », dit-il.
Se donner du temps
Si l’on veut qu’une politique senior fonctionne, « on doit se donner le temps de trouver les bonnes personnes au sein du service des ressources humaines », selon Karima Silvent, DRH du groupe Axa. Cette politique doit aussi « être ancrée dans la réalité du métier et être portée par la direction ». Ce sont d’ailleurs les directeurs des entités européennes de l’assureur qui ont déployé la politique du groupe, sur la base d’une charte contre les stéréotypes liés à l’âge notamment. « En parallèle, nous avons fait le choix de mener des politiques mondiales sur la santé qui prévoit un bilan santé tous les trois ans à partir de 40 ans, ainsi qu’une politique en faveur des aidants qui est extrêmement plébiscitée. »
L’arbre qui cache la forêt
Ces témoignages de DRH engagés sont peut-être l’arbre qui cache la forêt… En effet, d’après les résultats d’une étude de l’Ipsos réalisée pour les organisateurs du colloque du 29 avril, seuls 26% des DRH interrogés ont mis en place des dispositifs spécifiques en faveur des seniors. Ces politiques sont toutefois nettement plus présentes dans les grandes entreprises (73% pour les plus de 5 000 salariés, contre 18% des moins de 250). La formation apparaît comme l’outil central du maintien en emploi des salariés expérimentés (dans 75% des cas), suivie de la mobilité interne (47%) et du bilan de compétences (36%). Ces initiatives sont parfois mal accueillies : 28% des DRH déclarent en effet avoir été confrontés à des salariés expérimentés qui refusaient de se former.




