2.1-Veille-legale-et-reglementaire-2025
2.3 Veille sur les innovations pédagogiques et technologiques 25
La loi « ANI Salariés expérimentés et dialogue social » vient d’être publiée au Journal officiel du 25 octobre 2025. Tour d’horizon des mesures qui impactent la formation professionnelle.
Par Claire Maugin – Le 29 octobre 2025. le quotidien de la formation
La loi « portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social » vient d’être publiée au Journal officiel 25 octobre 2025 (Loi n° 2025-989 du 24 octobre 2025).
Cette loi vise à transposer les accords nationaux interprofessionnels du 14 novembre 2024 sur l’emploi des salariés expérimentés, et sur le dialogue social, et celui du 25 juin 2025 en faveur des transitions et reconversions.
On trouvera ci-après une présentation synthétique des mesures pouvant intéresser nos lecteurs, et dans des articles spécifiques le détail de ces mesures, en particulier leurs dates d’entrée en vigueur. La majeure partie de ces mesures constitue une transposition de l’accord du 25 juin 2025.
La loi institue une période de reconversion professionnelle, accessible à tout salarié souhaitant bénéficier d’une mobilité professionnelle interne ou externe à l’entreprise.
Ce dispositif remplace l’action de reconversion ou de promotion par l’alternance (Pro-A) et le dispositif Transitions collectives.
Son objet est l’acquisition d’une certification enregistrée au répertoire national des certifications professionnelles, d’un ou de plusieurs blocs de compétences, ou d’un certificat de qualification professionnelle de branche ou interbranche, ou du certificat « Clea ».
Dans ce cadre, le salarié bénéficie d’actions de formation, dont la durée est comprise entre 150 heures et 450 heures, réparties sur une période ne pouvant excéder douze mois (sauf pour le certificat « Clea »).
Il peut bénéficier de l’acquisition d’un savoir-faire par l’exercice en entreprise d’une ou de plusieurs activités professionnelles en relation avec les qualifications recherchées, ainsi que d’actions permettant de faire valider les acquis de l’expérience.
Un accord d’entreprise ou de branche, peut prévoir des durées de formation et une période de réalisation plus longues, dans la limite de 2 100 heures de formation sur une période ne pouvant excéder trente-six mois. Il peut aussi préciser les certifications permettant de bénéficier de la période de reconversion et les salariés prioritaires.
La période de reconversion peut se dérouler dans l’entreprise employant le salarié, ou dans une autre entreprise.
Lorsque le salarié bénéficie d’une période de reconversion interne à l’entreprise, le contrat de travail est maintenu et le salarié perçoit sa rémunération sans modification.
Lorsque le salarié bénéficie d’une période de reconversion externe à l’entreprise, son contrat de travail est suspendu. Il conclut avec l’autre entreprise un contrat à durée indéterminée ou un contrat à durée déterminée d’au moins six mois, qui doit prévoir une période d’essai.
Au terme de la période d’essai, le salarié et l’employeur de l’entreprise d’accueil peuvent décider de poursuivre leurs relations contractuelles. Le contrat de travail avec l’entreprise d’origine est alors rompu selon les modalités applicables à la rupture conventionnelle, ou d’un commun accord s’agissant d’un contrat de travail est à durée déterminée.
Si l’une ou les deux parties ne souhaitent pas poursuivre leurs relations contractuelles, le salarié retourne dans son entreprise d’origine. S’il refuse cette réintégration, le contrat de travail est considéré comme rompu d’un commun accord.
La période de reconversion externe doit être prévue par un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ou de rupture conventionnelle collective. La loi aménage les conditions de conclusion de ces accords, et autorise l’employeur dans certains cas dépendant de l’effectif de l’entreprise à procéder par décision unilatérale.
Les frais pédagogiques liés aux actions de formation composant la période de reconversion sont financées par l’opérateur de compétences (Opco), en respectant les critères fixés par son conseil d’administration sur proposition des branches (ancienneté…), selon les niveaux de prise en charge fixés par ces dernières, et dans la limite de la dotation allouée par France Travail.
Le salarié peut donner son accord pour cofinancer sa formation en mobilisant son compte personnel de formation (CPF). Pour une période de reconversion interne, le montant des droits mobilisés ne peut excéder la moitié des droits inscrits sur le compte du salarié. Pour une période de reconversion externe, le montant des droits mobilisés n’est pas limité. Les Opcos devraient en principe percevoir les fonds correspondants.
S’agissant des périodes de reconversion externe, les accords ou décisions unilatérales de l’employeur peuvent prévoir la prise en charge par l’Opco de la rémunération du salarié et des frais annexes à la formation.
Les missions de financement dévolues à France compétences sont modifiées pour tenir compte de ces changements.
Une procédure est désormais prévue pour formaliser les échanges entre le salarié parti en projet de transition professionnelle (PTP) et son employeur, concernant l’éventuel retour du premier dans l’entreprise à la fin de sa formation.
Créée par un accord national interprofessionnel du 15 mars 2019, l’association Certif’Pro voit ses compétences inscrites dans la loi et élargies. Pour les exercer, elle doit être agréée par l’Etat, conclure avec lui une convention pluriannuelle d’objectifs et de moyen, et verra un commissaire du Gouvernement assister aux séances délibératives et d’administration.
Parmi ses nouvelles compétences, la plus notable est la répartition et le versement aux commissions paritaires interprofessionnelles régionales (associations Transitions pro) des fonds destinés au financement des PTP.
En conséquence, France compétences n’est plus chargé de répartir et verser ces fonds aux associations Transitions Pro, mais opérera un versement global à Certif’Pro.
L’association percevra aussi les fonds correspondants aux CPF mobilisés par les salariés en PTP.
L’entretien professionnel est renommé entretien de parcours professionnel. Il doit désormais avoir lieu dans l’année qui suit l’embauche du salarié, puis tous les quatre ans (au lieu de deux ans auparavant).
Le salarié doit en outre se voir proposé un entretien de parcours professionnel dans les deux mois suivant sa visite médicale de mi-carrière. Et les conditions dans lesquelles le salarié reprenant une activité après certaines absences (congé de maternité…) bénéficie d’un entretien sont aménagées.
Alors qu’il était avant consacré aux perspectives d’évolutions professionnelles du salarié, les sujets abordés sont désormais plus détaillés. Comme auparavant, l’entretien porte sur le compte personnel de formation et le conseil en évolution professionnelle, mais plus sur la VAE. Des thématiques supplémentaires sont abordées à partir des 58 ans du salarié.
Il précisé que dans les entreprises de moins de 300 salariés, pour préparer l’entretien, le salarié peut être accompagné par un conseil en évolution professionnel, et l’employeur par l’Opco dont il relève.
L’entretien « état des lieux » aura lieu tous les huit ans, au lieu de six antérieurement.
Les branches doivent désormais négocier sur l’emploi et le travail des salariés expérimentés, en considération de leur âge. L’accord de branche conclu dans le cadre de ces négociations peut comporter un plan d’action type pour les entreprises de moins de trois cents salariés. La négociation doit avoir lieu au moins tous les quatre ans si un accord portant sur l’organisation de la négociation de branche a été conclu, et tous les trois ans en l’absence d’accord. Dans ce dernier cas, les thèmes, obligatoires d’une part, et possibles d’autre part, de la négociation sont précisés.
Les entreprises et groupes d’au moins 300 salariés doivent négocier sur l’emploi et le travail et l’amélioration des conditions de travail des salariés expérimentés, en considération de leur âge. La négociation doit avoir lieu au moins tous les quatre ans si un accord portant sur l’organisation de la négociation dans l’entreprise ou le groupe a été conclu, et tous les trois ans en l’absence d’accord. Dans ce dernier cas, les thèmes de la négociation sont les mêmes que ceux prévus pour la négociation de branche.
La base de données économiques, sociales et environnementales, qui rassemble l’ensemble des informations nécessaires aux consultations et informations récurrentes du comité social et économique doit dorénavant comporter un bilan de la mise en œuvre des actions de formation entreprises à l’issue des entretiens de parcours professionnel ou des périodes de reconversion, nouveaux dispositifs prévus par la loi.
La loi institue un Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles pour le développement des compétences. Il sera composé de représentants de l’État et des régions ainsi que des organisations syndicales de salariés et des organisations professionnelles d’employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel et placé auprès du ministre chargé de la formation professionnelle.
Il aura pour a pour missions de favoriser, au niveau national, la concertation et la coordination en matière d’orientation et de formation professionnelles pour le développement des compétences des actifs, et de contribuer au débat public.
Loi n° 2025-989 du 24 octobre 2025 (JO du 25.1.25)
Accès au dossier législatif
Changer de métier ou de secteur à plus de 50 ans ? Pour beaucoup, c’est impensable. Peur de l’échec, de repartir à zéro, d’être trop vieux… Les freins sont nombreux. Deux experts, eux-mêmes des reconvertis tardifs aujourd’hui engagés pour l’emploi des seniors, balayent dix croyances qui empêchent de franchir le pas.
C’est sans doute le frein le plus répandu. « Quand j’entends ça, ça me fait rager », lâche Frédérique Jeske, 59 ans, coach de dirigeants, experte en inclusion des seniors et fondatrice de l’association Senior4Good. Pour elle, cette croyance est avant tout une construction sociale. « A 50 ans, il vous reste quinze ans d’activité professionnelle. Ce n’est pas la fin mais une nouvelle étape. »
Et contrairement aux idées reçues, l’expérience, la résilience et la capacité d’adaptation sont des atouts majeurs. Hubert de Launay, 60 ans, fondateur du cabinet de recrutement XpertZon, dédié aux profils seniors, renchérit : « À 50 ans, vous savez bien plus de choses qu’à 30. Le problème, c’est qu’on oublie de s’appuyer dessus. »
La solution ? Se faire accompagner. Bilan de compétences, conseillers en évolution professionnelle (CEP), dispositifs de l’Apec ou de France Travail… Autant de pistes pour préciser ses envies et son projet. « Quand on prend le temps de clarifier qui on est, ce qu’on apporte et ce qu’on veut, l’âge devient accessoire », estime Frédérique Jeske.
« Le vrai risque, c’est de réussir », sourit Frédérique Jeske. Après 50 ans, les charges familiales sont souvent moindres et la maturité protège. « On sait encaisser les coups durs. On est mieux armé qu’à 30 ans », assure la coach.
Bien sûr, le risque zéro n’existe pas, « mais il se mesure et s’anticipe », tempère Hubert de Launay. Lui-même, avant de lancer son cabinet de recrutement à 55 ans, a passé un bilan de compétences dans une association d’accompagnement. « Ça permet de tester la solidité de l’idée. ».
Attention néanmoins à bien cibler le métier ou le secteur pour éviter une reconversion impossible : « Il ne s’agit pas de nier les risques, mais de se préparer. » Pour réduire l’incertitude, les experts proposent de tester son projet à petite échelle ou de développer son activité en parallèle en restant salarié.
« Allez sur le terrain, rencontrez des professionnels, visitez des salons, demandez à passer quelques jours en immersion dans une entreprise, propose Frédérique Jeske. Cela évite d’idéaliser un métier. »
Perd-on vraiment tout en changeant de voie ? « C’est une illusion », tranche Frédérique Jeske. « On dispose d’un bagage immense, bâti sur des compétences transférables et des soft skills : la capacité à communiquer, à prendre du recul, à gérer une équipe. Tout cela reste précieux. »
Les neurosciences ont montré que la capacité d’apprendre ne diminue pas avec l’âge.
Frédérique Jeske
Hubert de Launay préfère nuancer : « Certes, on ne repart pas de zéro, mais on peut se retrouver en bas de l’échelle ». Et d’illustrer : « Si je passe de comptable à gestionnaire de paie, je garde une avance. Mais du commerce à la paie, il faut accepter un salaire plus bas au départ. »
Là encore, se faire accompagner reste utile pour identifier les ponts possibles entre deux métiers/secteurs. « L’important est de capitaliser sur ce qu’on sait faire. Le reste, on peut l’apprendre », conclut le recruteur.
C’est souvent la crainte, la plus difficile à lever. « J’étais terrorisée à l’idée de perdre mon salaire fixe, se souvient Frédérique Jeske, qui a quitté son poste de directrice générale à 57 ans. Mon mari a dû me rassurer avec des tableaux Excel. On ne peut pas avancer avec la peur de manquer. »
Pour Hubert de Launay, la clé réside dans la préparation : évaluer ses charges, anticiper sa trésorerie, se fixer des seuils d’alerte. « Un business plan personnel est indispensable. »
Des dispositifs comme la rupture conventionnelle ou le projet de transition professionnelle (PTP) peuvent sécuriser une transition. « Certains salariés changent de métier dans leur entreprise, sans perte brutale de revenus », rappelle aussi Frédérique Jeske.
En clair, la sécurité financière ne disparaît pas, elle se gère. « Il faut accepter que les revenus soient plus faibles au départ, mais si le projet est aligné avec vos envies, c’est un investissement dans la durée », assure Hubert de Launay.
« Les neurosciences ont montré que la capacité d’apprendre ne diminue pas avec l’âge », rappelle Frédérique Jeske. Elle observe même que les seniors font preuve d’une grande énergie quand il s’agit de se former : « On est une génération qui a beaucoup travaillé, pour qui l’effort est une valeur. »
Hubert de Launay témoigne : « À 55 ans, j’ai suivi neuf mois de formation. C’est plus dur qu’à 30 ans, mais quand on est motivé, on y arrive. » Et d’insister : « On ne devient pas idiot avec l’âge. La seule vraie question, c’est : en ai-je envie ? »
Les deux experts avancent quelques options : formations en alternance, validation des acquis de l’expérience (VAE), formations en ligne (MOOC), certifications professionnelles (RNCP)… Frédérique Jeske cite le programme en alternance Atout Senior, lancé par l’Ifocop avec France Travail et l’Apec. « Une excellente manière d’acquérir une qualification reconnue et immédiatement valorisable. »
Se reconvertir ne se fait pas seul. « Sans le soutien de mon mari, je n’aurais jamais lâché mon poste de directrice générale, confie Frédérique Jeske. C’est essentiel que les proches comprennent que ce n’est pas une lubie, mais un vrai projet. »
Avoir tenté une reconversion est une preuve de courage. Certains recruteurs y sont très sensibles.
Hubert de Launay
Hubert de Launay partage cette vision, mais insiste pour « ne pas rester en vase clos, car si la famille doute, ça peut vite créer des tensions ». D’où l’importance d’élargir son cercle de soutien : réseaux professionnels, associations, mentorat. « Ces échanges entre pairs permettent de tenir bon. »
Frédérique Jeske propose aussi d’activer son réseau d’amis et d’anciens collègues. « Des gens autour de vous exercent peut-être déjà le métier que vous visez. Allez leur parler, demandez-leur un retour d’expérience. Ça aide à se sentir moins seul, et ça rassure les proches. »
La peur de l’échec reste un frein majeur. « Mais l’échec fait partie du parcours, tranche Hubert de Launay. Certains arrêtent trop tôt alors qu’ils ont franchi le plus dur. » Et d’insister : un échec peut se valoriser. « Avoir tenté une reconversion est une preuve de courage. Certains recruteurs y sont très sensibles. »
Frédérique Jeske abonde : « Les parcours hachés sont mieux acceptés. Vous pouvez tenter l’indépendance, puis revenir au salariat. Votre CV reste riche de votre vécu. »
« Il existe aussi des structures pour se relever », rebondit Hubert de Launay. Des associations comme 60.000 Rebonds ou Second Souffle aident les dirigeants à reprendre pied.
L’âgisme existe. « Certaines personnes qui ont suivi une ou plusieurs formations pour se reconvertir, ne sont pas recrutées parce qu’elles sont jugées ‘trop vieilles’ ou ‘pas assez expérimentées dans leur nouveau métier’. C’est une double peine », regrette Frédérique Jeske.
Hubert de Launay s’attache à déconstruire ces préjugés dans son métier de recruteur : « Les seniors ne coûtent pas plus cher, ils sont stables, motivés, compétents. Et contrairement aux idées reçues, ils restent souvent plus longtemps dans l’entreprise qu’un jeune en quête de mobilité. »
Lire aussi :
Pour contourner ces blocages, les deux experts recommandent de se reconvertir plutôt dans des secteurs en tension. « Les soins à la personne, l’éducation, l’hôtellerie-restauration : ce sont des domaines où les seniors sont accueillis à bras ouverts », pointe Frédérique Jeske, contrairement au marché saturé de la communication.
Optimiste, Hubert de Launay ajoute qu’avec le vieillissement démographique, « les entreprises n’auront bientôt plus le choix. Elles devront leur ouvrir leurs portes ».
« Le cliché du senior déconnecté est ridicule », s’agace Frédérique Jeske. « Je connais des seniors bien plus geeks que les plus jeunes. » Le vrai frein, selon elle, est psychologique : « Il suffit d’être curieux, de tester, de se former. Allez sur ChatGPT tous les jours, essayez ! »
Hubert de Launay partage ce constat. « J’ai connu des gens qui se sont mis à l’anglais à 55 ans. Pourquoi ne pas apprendre à coder ? » Pour lui, il faut refuser de généraliser : « À 50 ans, on peut même devenir développeur. C’est une question d’envie et d’énergie. »
De la formation continue aux ressources gratuites en ligne, les outils existent pour s’approprier le numérique. « Le plus dur, c’est le premier pas, insiste Frédérique Jeske. Une fois qu’on l’a franchi, on réalise que rien n’est insurmontable. »
L’art de se vendre est un vrai enjeu. « Notre génération n’a pas appris à se mettre en avant, reconnaît Frédérique Jeske. Pourtant, il s’agit de convaincre et pour cela, il faut travailler son pitch, son profil LinkedIn, sa communication. »
L’experte observe que les seniors rechignent souvent à se montrer en photo, à publier sur les réseaux sociaux. « Savoir raconter son parcours et valoriser son projet est devenu indispensable. »
Cette passionnée en inclusion des seniors en est l’illustration. Très active sur LinkedIn, elle y compte plus de 30.000 abonnés, tout comme Hubert de Launay. « Je ne parle pas de moi, je partage des idées. Et ça suffit. » Le recruteur invite à dédramatiser : « Si vous vous trompez dans la rédaction d’un post, ce n’est pas grave. Ça ne changera pas votre vie. L’important, c’est d’essayer. »
Corinne Dillenseger – l’expresso compétences du 28/10/2025
Le 29 septembre, le ministère du Travail a publié une fiche pratique dédiée à la prévention et la gestion du stress au travail. Ce document, accessible en ligne, s’adresse à la fois aux employeurs et aux salariés.
Le stress, qui survient lorsque les contraintes du travail semblent dépasser les ressources qu’une personne pense avoir pour y répondre, peut avoir des conséquences sur la santé mentale et physique des travailleurs. Le ministère du Travail précise d’ailleurs que les maladies psychiques reconnues d’origine professionnelle étaient en hausse en 2023 (+ 25 %) et 12 000 accidents du travail étaient liés à ces risques.
Pour répondre à cette problématique et aider les employeurs dans une démarche d’amélioration de la santé au travail, la fiche est structurée autour de trois parties principales :
L’Assemblée nationale a définitivement adopté le projet de loi portant transposition d’une part de l’accord national interprofessionnel en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et d’autre part de l’ANI relatif à l’évolution du dialogue social, mercredi 15 octobre. La nouvelle loi prévoit notamment la création d’un Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles pour le développement des compétences, qui semble ressusciter les instances multipartites d’antan. Elle créé de nouveaux dispositifs à la place de ProA et de l’entretien professionnel.
Par David Garcia – Le 17 octobre 2025. Le quotidien de la formation
La loi transposant les deux ANI créé deux instances de gouvernance du champ de la formation professionnelle et deux nouveaux dispositifs de reconversion.
Placé auprès du ministre chargé de la formation professionnelle-le ministre du travail, en principe-, le Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles pour le développement des compétences aura pour missions de « favoriser, au niveau national, la concertation et la coordination en matière d’orientation et de formation professionnelles pour le développement des compétences des actifs ». Seconde mission, il devra « contribuer au débat public, notamment en assurant le suivi des études et des évaluations produites au niveau national sur ces sujets et, le cas échéant, en proposant des indicateurs de suivi. »
Ce nouveau Conseil, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2026, exercera ses missions en lien Comité national pour l’emploi, instauré par la loi pour le plein emploi à l’automne dernier. mentionné à l’article L. 5311-9 et contribuera, « en tant que de besoin, aux travaux du comité. »
Comme son ancêtre le Cnefop, le Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles sera composé de représentants de l’État et des régions ainsi que des organisations syndicales de salariés et des organisations professionnelles d’employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel. « Chaque collège dispose d’un nombre égal de voix », contrairement au conseil d’administration de France compétences, où l’Etat est prépondérant, ce que les organisations syndicales n’ont jamais accepté. La création de cette nouvelle instance constitue un geste du Gouvernement et du Premier ministre envers les partenaires sociaux, qui réclamaient la reconstitution d’un espace de dialogue de concertation avec l’Etat, depuis la suppression du Cnefop et la création de France compétences, née de la loi du 5 septembre 2018.
Dans le même esprit de repositionnement des partenaires sociaux dans le champ de la formation professionnelle, une instance paritaire nationale est par ailleurs créée. Elle sera chargée de coordonner le réseau des commissions paritaires inter-régionales – Associations Transitions Pro. L’instance fixera les orientations nationales du PTP (projet de transition professionnelle).
Nouveau dispositif, la période de reconversion remplace la ProA. La nouvelle loi dispose que « tout salarié souhaitant bénéficier d’une mobilité professionnelle interne ou externe à l’entreprise peut bénéficier d’une période de reconversion ayant pour objet l’acquisition d’une des qualifications prévues aux 1° et 3° de l’article L. 6314-1 [enregistrée dans le répertoire national des certifications professionnelles ou bien ouvrant droit à un certificat de qualification professionnelle de branche ou interbranche] d’un ou de plusieurs blocs de compétences. Il peut bénéficier d’un conseil en évolution professionnelle pendant son temps de travail. »
L’entretien de parcours professionnel remplace l’entretien professionnel. Il se déroulera tous les 4 ans et aura pour objectif de recenser les besoins de formation du salarié et de lister d’éventuels projets d’évolution professionnelle.
Sentiment de manque de légitimité, inquiétude financière, pressions familiales… La spécificité des freins à la reconversion professionnelle des femmes appelle un soutien particulier, ont assuré trois représentantes d’organismes de formation spécialisés dans ce type d’accompagnement, lors d’un débat au salon Générations reconversion, vendredi 26 septembre.
Par Laurent Gérard – Le 30 septembre 2025. Le quotidien de la formation
« En 4 grossesses dans 3 entreprises différentes, j’ai subi 4 discriminations menant toutes à la perte de mes postes donc à un besoin de reconversion par la suite», a attaqué Nathalie Grimaud-Morvillez, aujourd’hui directrice de la Tribu digitale, organisme de formation et de soutien aux femmes en reconversion, spécialisé dans le marketing digital « surtout pour les mamans en quête de reconversion ». Un témoignage personnel sans ambage qui a immédiatement illustré le sujet du débat « Femmes et reconversion », vendredi 26 septembre au salon Génération Reconversion à Paris, et qui n’a pas manqué de résonner fortement dans l’assistance quasi exclusivement constituée de femmes. Même si Nathalie Grimaud-Morvillez a précisé qu’elle a dû affronter à chaque fois « des managers toxiques, aussi bien féminins que masculins ».
Le besoin de reconversion des femmes est immense, a poursuivi Garance Yverneau, directrice générale de Garance et moi, structure d’accompagnement de la reconversion professionnelle des femmes, notamment via un bilan de compétences 100 % digital, et qui a accompagné 15000 femmes. Elle cite une étude Ifop de 2023, selon laquelle « seules 24 % des femmes sont satisfaites de leur emploi, et 57 % veulent se reconvertir ». Le problème, ajoute-t-elle, est que « par manque de connaissance » des opportunités de reconversion, les femmes « s’enferment » dans 30 familles de métiers sur les 87 qui existent, ce qui donne des parcours moins riches et moins rémunérateurs.
Un avis partagé par Debbie Jackson, fondatrice et présidente de Link’elles, structure qui propose aux femmes en désirs de reconversion un an d’accompagnement avec mentorat, mise en lien, soutien à la réflexion… « Le sentiment de manque de légitimité, la peur de la fin du salariat, le poids des taches familiales, le manque de temps… freinent les femmes dans leur désir d’émancipation », résume-t-elle.
Elargir le champ de vision des femmes en désir d’émancipation professionnelle par de la mise en relation, du mentorat, des ateliers de découverte…est donc l’objet des structures des trois intervenantes, assurent-elles. « Les femmes ne savent pas que, par exemple, 200000 postes de développeur et accompagnant d’IA vont être à créer dans les années à venir : le problème est que France Travail et les autres structures publiques d’information ne le savent pas non plus ! », regrette Nathalie Grimaud-Morvillez, qui assure que les opportunités sont nombreuses et très rapides.
L’enjeu est donc d’aider les femmes à « hiérarchiser leurs critères et leurs valeurs », conclu Garance Yverneau. Pour qu’elles puissent à la fois « capitaliser sur leur passé » et se « projeter dans l’avenir ».
Le Medef publie un baromètre intitulé « Entreprises & Formation 2025 ». Plus de 800 entreprises ont été interrogées sur leurs pratiques de formation professionnelle. Cette enquête met en lumière plusieurs décalages :
Source : Cap-Métiers Nouvelle Aquitaine du 19/09/2025
À l’heure ou l’État envisage de restreindre l’usage du compte personnel de formation pour financer les bilans de compétences, une étude de l’organisme Sensei montre qu’une telle décision aurait pour effet de réduire l’accès à ce dispositif.
Par Valérie Grasset-Morel – Le 19 septembre 2025. Le quotidien de la formation
97% des bénéficiaires d’un BC (bilan de compétences) dispensé par Sensei utilisent leur CPF (compte personnel de formation) pour financer leur accompagnement. Et 75% affirment qu’ils n’auraient pas fait de BC sans CPF. De quoi fournir de nouveaux arguments aux acteurs du bilan de compétences qui s’inquiètent du sort qui pourrait être réservé à ce dispositif dans le projet de loi de finances 2026. Par souci d’économie, il est en effet question de supprimer ou limiter son éligibilité au CPF.
L’étude co-réalisée par Sensei et le cabinet Archipel&Co auprès de 420 bénéficiaires de BC démontre pourtant que ce dispositif permettrait aux finances publiques « d’économiser 152 € par bénéficiaire deux ans après le BC grâce à des coûts de formation non pertinentes évités, soit 813 K€ pour 5.339 bénéficiaires ». Il aurait aussi la vertu de prévenir les risques psychosociaux et les troubles de santé liés à l’épuisement professionnel, et de permettre ainsi à la Sécurité sociale « d’économiser 333 € par bénéficiaire après deux ans (soit 1,8 M€ pour 5.339 bénéficiaires) ».
Les bénéficiaires d’un BC qui ont été accompagnés par Sensei cherchent avant tout un appui pour définir des objectifs professionnels et un plan d’action adapté (93% d’entre eux n’avaient pas de projet clair ou associé à une stratégie avant le bilan). Même si une majorité (71%) avaient déjà envisagé de se reconvertir avant de commencer leur BC. À l’issue de l’accompagnement, 95% estiment avoir mieux identifié leurs aspirations et 84% déclarent avoir bâti un projet crédible. Le BC apparaît également comme un outil efficace de réinsertion professionnelle. Parmi les personnes qui étaient inactives ou au chômage avant, 72% d’entre elles ne le sont plus 12 mois suivant le bilan.
L’étude montre aussi qu’un bilan réalisé à distance facilite l’accès à l’accompagnement. 40% des répondants n’auraient pas fait leur BC s’il n’avait pas été proposé à distance. Ils citent parmi les avantages de ce format : la flexibilité horaire (78%), la flexibilité logistique et géographique (66%), le confort du cadre de discussion (35%), une meilleure concentration et une plus grande efficacité des échanges (27%).
Une plateforme interactive lancée par Opco Santé vise à mieux appréhender les réalités professionnelles et à faciliter les mobilités.
Par Laurent Gérard – Le 16 septembre 2025. Le quotidien de la formation
« Cette cartographie couvre les 55 premiers emplois cœur de métier », expliquent Isabelle Mangard (collège employeurs, fédération Axess) et Jane Brahim (collège salariés, CFDT). Elles sont respectivement secrétaire et secrétaire adjointe de la commission de coordination des politiques emploi et formation des 3 branches professionnelles constitutives de l’Opco Santé (secteur sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif (SSSMS), hospitalisation privée à statut commercial (HP), et services de prévention et santé au travail interentreprises (SPSTI),- qui ont piloté ce travail.
Selon elles, cette cartographie offre à tous (salariés, employeurs, demandeurs d’emploi, organismes de formation et partenaires de l’emploi) « une meilleure visibilité de la richesse des activités et des possibilités d’évolution inter sectoriel ou intra sectoriel, les parcours et conditions d’accès aux emplois, les besoins en compétences : la cartographie participe à lutter contre la pénurie de personnel qualifié ».
Concrètement, les 55 emplois, et les parcours de mobilité horizontale et verticale possibles, sont présentés, ainsi que des parcours de mobilité entre les différentes familles de métier. Les fiches emplois (cliquables, consultables, et téléchargeables) décrivent les missions, compétences, les conditions et environnements de travail, le niveau de formation requis, les perspectives de mobilité, ainsi que les effectifs et besoins en emploi du secteur. Un outil de « matching » de CV suggère les métiers pouvant correspondre à son profil. La personne importe son CV et une IA analyse son parcours. En quelques instants, une liste de métiers lui est proposée. Un comparateur de métier -à partir d’un emploi de départ et d’un emploi cible- met en évidence les compétences communes et celles à acquérir…
Ce chantier, débuté en 2023, a été finalisé en juillet 2024. Le Crédoc a analysé les emplois, les parcours de mobilité et comparé les compétences entre les métiers. Jobsong a développé la cartographie, la représentation « plan de métro », le matching de CV, le comparateur de métiers, et le téléchargement des fiches emploi.
En 2026, affirment Isabelle Mangard et Jane Brahim, « l’outil intégrera une vingtaine de nouveaux emplois, plutôt autour des emplois transverses, et à terme donnera accès à l’offre de formation ».